L'histoire :
Quoi de plus banal qu'un incendie ? Le premier d'entre eux éclata un dimanche soir. Le lendemain, on put lire affiché dans les rues du village de Mariano Comense que telle maison serait incendiée et que les gens étaient invités à monter la garde, quand bien même ils ne seraient pas convaincus. Quand le fait fut avéré, la psychose s'installa. Les jours suivants, les ragots les plus extravagants allèrent bon train... Si d'aussi abominables forfaits étaient annoncés et s'ils se réalisaient... La personne qui rapporta les faits se rappela qu'enfant, elle avait entendu raconter des histoires horrifiques : des diables sous l'apparence de porcs, de chats, de chauve-souris plus agiles que des fouines. Un soir, alors que l'incendie était des plus violents, quelqu'un raconta qu'il avait vu l'incendiaire : c'était un être vêtu de blanc, grand, très grand avec des yeux de braise et qui marchait sans toucher terre... On l'avait suivi un moment et bien failli l'attraper mais il disparut à l'improviste. Les gens avalèrent cela sans en douter le moins du monde.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaque album de Sergio Toppi est la promesse de voyages, parce qu'il était était un plasticien du temps et de l'espace, de l'encre faisant naître les mots en même temps que l'ombre et la lumière. Lui seul est capable de nous projeter auprès de civilisations chères aux historiens ou issues de sa vaste imagination. Ces cinq histoires, qui constituent une pagination de plus de 80 pages, publiées en 1986, 1989, 1999, 2000 et 2001, nous amènent cette fois-ci sur ses terres natales. Alors pour commencer cette immersion dans une culture multi séculaire, qu'y avait-il de plus logique que de commencer avec Les Choses cachées, récit dont on peut penser qu'il évoque des temps encore antérieurs à ceux des Étrusques (que les Romains nommeront Etrusci ou Tusci, ce dernier terme donnant... Toscane). C'est ainsi qu'en à peine 10 planches, le maître italien donne l'impression à son lecteur d'être un anthropologue, témoin privilégié du quotidien ancien d'une tribu, qui partage pourtant strictement le même élan qui nous traverse encore et toujours, alternant entre la pulsion de vie et celle de mort. Puis vient Le manteau de saint Martin, qui nous rappelle comme la chrétienté fut source de richesse et aussi d'horreurs, dont celle de l'Inquisition. Vient par la suite la fable qui donne le nom à l'album. En extrapolant, on a le sentiment de retrouver un peu du charme de Pagnol, auquel s'ajouterait une pincée de mystère, quand l'histoire qui lui succède, Quoi de plus banal qu'un incendie ?, elle, renvoie à l'ignorance qui peut animer certaines campagnes, revers de croyances totalement irrationnelles... Enfin, Roland viendra singe la figure historique du guerrier franc Roland de Ronceveau, transformé en pitoyable marionnette qui ne sauvera personne. Voici donc un album au contenu et au propos riches et variés, qui reposent toujours sur un dessin d'une beauté unique. Un voyage dans le temps et l'espace, vous disait-on...