L'histoire :
Chez sa mamie, dans une maisonnette isolée en pleine campagne, par mauvais temps, le petit Gaspard s’ennuie. Plus de batterie sur sa console de jeux et le scrabble est assurément pour les vieux… Il y aurait bien le territoire du grenier à explorer, mais c’est formellement interdit par Mamie. Qu’à cela ne tienne, Gaspard y monte quand même, en douce. Des cartons poussiéreux s’y entassent. Sous un vieux drap, Gaspard découvre une table à dessin et tout son matériel, laissé en plan. Une planche de BD s’y trouve aussi, inachevée et… étrangement brillante. Par curiosité, Gaspard la touche. Aussitôt, le fantôme phosphorescent de son grand-père surgit ! Le gamin hurle d’effroi et dévale l’escalier quatre à quatre. En bas, sa mamie lui a fait une bonne tarte aux pommes. Tout en goûtant, Gaspard interroge sa mamie sur son grand-père. C’était semble t-il un homme très gentil… La nuit suivante, Gaspard rêve de chevaliers et de combats épiques. Et le matin, le gamin décide d’affronter le fantôme du grenier, armé d’une épée de bois et d’un égouttoir pour heaume. L’ectoplasme du grand-père est bien là qui l’attend et le rassure sur ses intentions bienveillantes. Il lui explique qu’avant de mourir, il était auteur de BD. Et lui lui propose de lui inculquer les ficelles de ce métier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre et la couverture n’en font pas mystère : cet album en one-shot à destination de la jeunesse, est une bande dessinée sur la (bonne) manière de faire de la bande dessinée. Porté par le dessin enfantin et jovial de Mickaël Roux (qui s’occupe du Jeu de gamins chez Bamboo), un gentil fantôme y explique à un bambin, qui s’ennuie ferme à la campagne, comment s’y prendre pour faire une BD qui ressemble à quelque chose. L’une des grandes forces du scénario d’Alain Dary, c’est qu’on ne sort jamais de la trame narrative. C’est-à-dire qu’à aucun moment, l’explicatif se subit comme une parenthèse pédagogique : Gaspard et son fantôme de grand-père parviennent à insuffler toutes leurs ficelles sans nous sortir de « l’intrigue ». Certes, il y a beaucoup plus à dire pour être exhaustif sur les clés de la bande dessinée, que ces 38 planches là. De nombreux auteurs se sont d’ailleurs livrés à cet exercice en utilisant ledit médium pour mise en abyme (Scott McCloud, Will Eisner, Trondheim et Garcia…). Cette version se montre néanmoins une excellente synthèse des bases essentielles et – autre grande force – elle s’adresse à un public jeune (et large) sans jamais le lasser. Une vraie gageure, formidablement relevée ! Et l’une des premières règles à retenir, qui donne furieusement envie de s’emparer d’un crayon sitôt le bouquin refermé : il n’y a pas besoin d’être un bon dessinateur pour faire de la bande dessinée. Cet album jadis édité chez Emmanuel Proust revient aujourd'hui sous la bannière de Mosquito.