L'histoire :
Au printemps 1885, dans la province canadienne du Saskatchewan, les miliciens du général Middleton matent une rébellion de métis commandée par le renégat Louis Riel. L’avènement des chemins de fer tourne en faveur des militaires, permettant d’amener des centaines de soldats et des armes nouvelles (la mitrailleuse gatling !) en première ligne du front. Riel et quatre de ses plus fidèles lieutenants sont forcés à la reddition. Ils se rendent sereinement et ils se laissent tout aussi calmement emprisonner dans un fort militaire. Mais cette allégeance cache une ruse : la nuit suivante, leur chef de guerre Gabriel Dumont leur offre l’évasion. Cap est mis sur le Montana. Quand il l'apprend, le colonel Otten décide d’envoyer une batterie de ses hommes les plus expérimentés à leur poursuite, avant que les rebelles ne parviennent à s’abriter aux Etats Unis voisins. La mission est confiée au sergent Keller, un type aussi rusé que teigneux. Keller débute aussitôt son recrutement, au saloon local, où il sait qu’il trouvera Slim Norton et Jacques Corbeau, deux têtes brûlées ivrognes. Il se fait encore accompagner par une pisteuse, jeune mais déjà expérimentée, la fille métis d’un écossais unijambiste et d’une indienne nakota, appelée Choléna. Et le matin suivant, la chasse est lancée à travers les paysages sauvages du Canada…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire d’une traque, dans un registre de western légèrement décentré, car canadien. L’intrigue proposée par le scénariste vétéran François Corteggiani est un classique du genre. Un groupe de rebelles commandés par un homme teigneux, tente d’échapper à un groupe de militaires commandés par un homme tout aussi entêté. Et leurs codes d’honneur réciproques se respectent dans un contexte de guerres indiennes et des territoires sauvages propices aux guet-apens. Lequel du sergent Keller ou du rebelle Gabriel Dumont viendra à bout de l’autre ? Dans le cadre des grands paysages sauvages, les moyens de transport les plus rapides sont les chevaux et les canoës emportés par des rivières capricieuses. Mais étrangement, le dessinateur Sergio Tisseli délaisse complètement les grands espaces pour ne mettre en scène que les hommes et leurs montures, la plupart du temps sans autre décors de fond que des mouchetages de couleurs sépia et sanguines. Son dessin tout en couleurs directes, au lavis, est certes très agréable. L’italien joue avec les volutes générées par l’aquarelle pour souligner la brume, les rapides, la fumée d’un coup de fusil, les nuages ou la parure sylvestre automnale. Mais on ne peut s’empêcher de regretter l’absence du moindre panorama vertigineux, des profondeurs de champs qui auraient forcément ajouté à la dimension épique de cette histoire d’hommes.
