L'histoire :
Le jeune Pelle est éduqué dans la tradition la plus barbare du peuple viking par son père, le cruel seigneur Eiwind Egilsen. Mais Pelle a une humanité ancrée au plus profond de lui. Ce soir-là, il refuse dégorger le jeune fils du seigneur voisin, Brynjar Joarsen, après qu’Eiwind et ses troupes ont réussi à s’emparer de son château. Bien que son second fils bâtard Asbjorn se propose pour l’égorgement, Eiwind est très déçu par le refus de son fils ainé et il le gifle. Asbjorn exécutera la victime. Or dans le même temps, la région connait une virulente attaque de loup blanc. A la demande des villageois, Eiwind, ses soldats et ses fils se lancent donc dans une grande traque, à travers les vallons enneigés. Après 5 jours, Pelle abat un loup d’un trait de flèche. La tête de l’animal est plantée sur une pique et cela calme les esprits… mais Pelle se doute qu’il ne s’agit pas du « grand » loup blanc en question. Alors qu’il continue la traque, il tombe sur un adolescent qui fait rôtir un lièvre sur un feu de camp. Pelle l’aborde et lui demande de quel droit ce dernier braconne sur ses terres… Le jeune homme est courtois et invite Pelle à partager son repas. Leur discussion établit très vite un fort rapport d’amitié. Pelle rentre ensuite au château, où il entend chaque nuit sa mère faire des cauchemars…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jadis paru chez les Editions du Long Bec, Snaegard est aujourd’hui réédité, toujours en un tome intégral unique, qui condense ce qui aurait dû ressembler à un cycle complet de trois albums. En auteur complet, Vincent Wagner est aux commandes de cette tragédie familiale fantastique au temps des vikings. Dans ce contexte médiéval, à la croisée entre les croyances ancestrales mythologiques et la christianisation de la région, les loups affamés sont aussi dangereux que le froid glacial des fjords enneigés et nocturnes. Mais ça n’est presque pas si effrayant, au regard de la rudesse des mœurs. Car notre jeune héros se confronte à son père, parce qu’il refuse de se laisser gagner par la barbarie la plus brute. On évitera d’en révéler trop… mais il se lancera dans une quête initiatique de rébellion, pour rompre un sortilège fantastique digne des grandes sagas d’heroïc-fantasy. Le scénario se permet d’entrée un flashforward, avant de revenir façon « tiroir » à une narration présente et explicite. L’intrigue se montre ensuite légèrement archétypé, tantôt allégorique, tantôt shakespearienne, avec des séquences explicatives parfois un peu cousues de fil blanc… Mais au final, il se met entièrement au service du dessin fortement encré et la plupart du temps bichromique, très appuyé sur les clairs-obscurs. En introduction, l’éditeur offre à l’auteur un cahier d’intention d’une dizaine de pages très complet sur son inspiration et ses sources documentaires.