L'histoire :
Iranon veut en savoir plus sur son identité. Il a besoin de comprendre d'où il vient et son seul indice est le journal de Hog qui contient des cartes et un miroir. Ut l'accompagne toujours, ainsi que son chat Léopold. Les trois compagnons croisent alors une belle jeune femme au regard étrange. Elle s'appelle Iv et elle marche avec deux clones qui lui ressemblent plus ou moins : Hor, petite angoissée et Tommassa, lente et amorphe. Alors que Iv et Iranon échangent sur leur vie, Ut doit s'employer pour sauver Tommassa, enlevée en pleine rue. Des cannibales l'ont tirée avec une corde, mais quand ils voient arriver Ut, ils lui laissent la répliquante. Iranon confie à Iv qu'il cherche les maisons, même s'il doute de leur existence. Elle lui propose son aide : elle l'attendra le soir à Periekon pour qu'il trouve des réponses à ses questions. Dèce demande à Ut de lui faire un compte-rendu de la journée. Ut raconte leur rencontre avec Iv et ses sosies. Caligari est inquiet et se demande dans quelle histoire est allé se fourrer Iranon. Il charge Ut de le suivre, le soir, afin de le protéger en cas d'éventuel danger...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ut revient dans une suite aussi étrange que le tome précédent. Le scénario est toujours opaque et avance à petits pas, réservant quelques surprises étonnantes. Les personnages fantasques et délirants sont encore nombreux : imaginez une secte déguisée en Ku Klux Klan, des philosophes qui n'ont qu'une mémoire collective et non individuelle et qui parlent chacun à leur tour pour faire une seule phrase, une belle femme qui possède plusieurs clones qui lui ressemblent plus ou moins. Ut et Iranon ont cette fois une quête bien précise mais leur chemin est si tortueux qu'on finit aussi par s'y perdre. L'album est difficile d'accès et il faudra seulement se laisser aller à l'aveuglette dans cette aventure noire et surréaliste. C'est un peu comme si Lautréamont s'était essayé à la bande dessinée. En effet, le dessin crépusculaire et fascinant de Corrado Roi, allié a une histoire tordue et violente, rappelle la poésie sombre et hallucinatoire des Chants de Maldoror. Les saynètes sont autant de défouloirs quasi psychanalytiques où l'on expulse avec rage nos démons les plus sombres. La nature humaine y est laide et glaçante d'égoïsme et de perversité. L'effrayant Ut est finalement bien plus humain que les autres, même s'il tue sans état d'âme. L'errance absurde et les découvertes étonnantes sont des expériences à vivre en tant que lecteur. Même si l'on s'y perd parfois, le dessin prodigieux de beauté et de noirceur vous ramènera immanquablement à ces fameuses maisons que recherchent Ut et Iranon. Suivez ces deux fous dans cette quête démente, armez vous de courage car seuls « les enragés restent » !
