L'histoire :
Aujourd’hui, le nom d’Hergé est presque aussi connu que celui de Tintin. Ce n’était évidemment pas le cas lorsque le premier propulsa le second vers le pays des soviets, au début de l’année 1929. Georges, « le scout qui dessine » n’est pas devenu Hergé en un jour. Sa première publication en 1922, à l’âge de 14 ans, dans le Jamais assez de la troupe de son collège, l’institut Saint Boniface, est signée G Rémi. Les dessins qu’il publie deux mois plus tard dans le mensuel Boy-Scout, de la fédération du scoutisme catholique ne sont pas attribués. Mais dans les suivants, il souligne la signature G. Rémi d’un S. B (sout de Belgique ou Saint Boniface ? le doute est permis). En 1923, il remplace ces 2 initiales par AFL (Atelier de Fleur de Lys, un collectif auquel il vient d’adhérer), mais il lui arrive de substituer au G. Rémi une combinaison de ses initiales GR.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D’ici à mi-2028, soit au rythme d’un album tous les 2 mois, les éditions Moulinsart ont décidé de sortir un livre consacré à chaque album de Tintin en nous plongeant dans le processus créatif d’Hergé. Cette collection, qui va respecter la chronologie de parution des albums, n’est pas une réédition des BD dans leur intégralité, juste agrémentée de quelques commentaires. Philippe Godin, un tintinophile reconnu, va s’efforcer de contextualiser la période à laquelle sont sortis les albums : que ce soit d’un point de vue historique ou en lien avec la biographie d’Hergé. Avec son analyse détaillée, il apporte un éclairage pertinent et étayé sur la genèse du reporter belge le plus célèbre au monde. Ce premier volume consacré à Tintin au pays des soviets recèle un grand nombre de documents rares, peu connus du grand public : que ce soit les tout premiers travaux d’Hergé (même ceux avant Totor), des dessins de presse satiriques dans lesquels Hergé brocarde certains socialistes belges, des croquis où il saisit l’instant présent, des dessins extrêmement réalistes, des couvertures d’ouvrages, etc. Au-delà des productions d’Hergé, on retrouve également des photos d’époque qui ont servi à Hergé pour réaliser ce premier album. De nombreuses planches ont été reproduites et commentées. Quelques puristes regretteront certainement le choix de la maison d’édition d’avoir privilégié leur version colorisée en 2017 à celle noir et blanc de 1929. Un premier volume digne d’intérêt pour les amateurs de Tintin qui souhaitent comprendre une partie du génie créatif d’un maître de la BD.