L'histoire :
Printemps 1933, Berlin. Hanna Arendt a 27 ans. Elle travaille à la bibliothèque d’État prussienne. Elle s’occupe de recenser les preuves de la propagande antisémite dans la presse allemande et étrangère. Soudain, les SA débarquent. Ils interrogent tout le personnel en leur demandant s’ils sont aryens. Quelques jours plus tard, alors qu’elle déjeune avec sa mère au restaurant, la police l’embarque pour l’interroger au commissariat d’Alexanderplatz. Après 8 jours d’interrogatoire, Hannah est relâchée par la police. Elle contacte aussitôt son amie Anne Mendelssohn. Elle lui demande de réunir tous ses amis et tout le vin qu’elle peut. Elle veut prendre la cuite de sa vie avant de quitter Berlin avec sa mère. Après un voyage en train sans aucun papier, sa mère et elle veulent rejoindre Prague. Elles avaient un drôle de plan pour passer la frontière en toute simplicité. À cheval entre les deux pays, il y a une maison : la porte de devant est en Allemagne, celle de derrière en Tchécoslovaquie. L’idée est de dîner en tant qu’invité et de quitter la table de l’autre côté : le monde libre est à portée de main…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une nouvelle venue dans la collection Grands destins de femmes : la philosophe Hannah Arendt ! C’est plusieurs vies en une qu’a vécu cette femme. Hannah a 7 ans quand son père est emporté par la maladie. Élevée par sa mère, militante socialiste passionnée de politique, la jeune fille est une « tête ». Elle a 15 ans quand elle part étudier le latin, le grec et la théologie chrétienne à Berlin. A 18 ans, jeune étudiante, elle s’éprend de Martin Heidegger, son prof à la faculté. Un amour impossible : il a 17 ans de plus qu’elle, il est marié avec deux enfants. Elle se marie deux fois. Elle suit le procès du nazi Eichmann à Jérusalem pour le New Yorker. Elle critique le Maccarthysme. Elle enseigne la philosophie à Princeton. Elle fume des havanes et a un sacré lever de coude. De cette vie de femme controversée, qui tranche avec son époque, Béatrice Fontanel, habituée à la littérature jeunesse, a su en tirer la substantifique moelle, dans un style clair et intelligible. Dommage que le dessin ne soit aussi réussi. L’illustratrice Lindsay Grime, qui fait ici ses premiers pas en BD, possède un vrai talent graphique. Malgré tout, l’ensemble manque de fluidité graphique, notamment dans les expressions des visages et des personnages, quelque peu figés. Un ouvrage toutefois parfait pour en savoir plus sur cette femme peu connue, et qui mérite de l’être.