L'histoire :
Dans les parfumeries, les parfums créés il y a de cela des dizaines d'années sont toujours bien présents. Mais leurs créateurs sont pour la plupart tombés dans l'oubli. C'est le cas de l'une de ces créatrices, Germaine Cellier. Elle naît à Bordeaux, le 26 mars 1909. Dès son enfance, elle est attentive aux odeurs qui l'entourent : l'oignon brûlé resté un peu trop longtemps sur le feu, l'odeur des bébés, des œillets des sables. Mais en août 1914, le père de Germaine est mobilisé pour la guerre. Elle se retrouve seule avec sa mère, jusqu'au retour de son père, qui ne reste pas très longtemps avant de repartir au front. Ne pouvant assumer seule cet enfant, sa mère met Germaine en pension chez les sœurs. Elle y sera accompagnée de sa cousine Catherine, impertinente, pleine d'audace, qui tente d'entraîner Germaine avec elle dans ses bêtises. En 1924, Germaine a quinze ans et vient d'obtenir son certificat d'études complémentaires. On lui demande ce qui pourrait l'intéresser. La jeune femme pense qu'elle pourrait se tourner vers la chimie. Elle s'intéresse de plus en plus à la parfumerie, aux formes des flacons, aux odeurs qu'ils dégagent. Un an plus tard, elle obtient son diplôme d'aide chimiste, en 1926 celui d'aide bactériologiste. Pour Germaine, l'avenir du parfum, c'est la chimie. Elle ne veut pas rester les bras croisés, elle veut créer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Béatrice Egémar, autrice d'une trentaine d'ouvrages pour la jeunesse, se lance pour la première fois sur l'écriture d'un scénario de bande dessinée, accompagnée par Sandrine Revel au dessin (Grand silence, Glenn Gould, Tom Thomson). Béatrice Egémar a écrit cinq romans mettant en scène des parfumeuses imaginaires. En 2016, elle suit une formation de designer olfactif et découvre la figure de Germaine Cellier qui lui était alors inconnue. Intriguée, elle mène des recherches, mais ne trouve aucune biographie à son sujet. Elle fait le pari de réaliser un biopic, où elle met en avant le travail de ce premier « nez » féminin français, qui s'affranchissait des fragrances classiques pour créer les siennes. On lui doit notamment « Vent Vert », « Bandit » ou encore « Fracas ». D'ailleurs, la maison d'édition a eu une bonne idée : pour permettre une meilleure immersion olfactive dans l'univers de Germaine Cellier, les lecteurs découvriront une carte imprimée, imprégnée du parfum « Fracas ». Il est assez inédit de s'intéresser à ce corps de métier. Nous découvrons tout un monde, mais aussi une époque marquée par la guerre. On sent toutefois que l'autrice livre un tout premier scénario de bande dessinée. Les transitions sont parfois fragiles, voire absentes et certains passages peuvent perdre les lecteurs. Cela est également accentué par le trait très reconnaissable de Sandrine Revel qui peut, de temps à autre, complexifier l'identification des personnages, qui se ressemblent. Cet ouvrage atypique traite le sujet jusqu'au bout et met en lumière une femme talentueuse méconnue.