L'histoire :
En mai 1838, des soldats de cavalerie américaine prennent d’assaut une grange isolée, dans laquelle se sont réfugiés des indiens cherokees. L’un d’eux appelé Diwalee tente certes de se rebeller… mais les soldats armés sont trop nombreux. Tous les peaux rouges sont escortés à travers les Blue Ridge Moutains de Georgie, jusqu’à un premier camp. Diwalee espère y retrouver sa promise, Adsila. Mais celle-ci ne répond pas à ses appels et pour cause, elle n’est plus ici. A contrario, les appels de Diwalee agacent les soldats blancs. Diwalee récolte un coup de baïonnette dans l’omoplate. Il se rebelle de nouveau et tente de fuir. Il est une nouvelle fois rattrapé, molesté et assommé, avant d’être remis sans ménagement parmi les siens. Adsila observe la scène cachée à distance, en compagnie de deux guerriers. Ces derniers ont presque réussi à s’échapper avec le jeune fils d’Adsila… Du moins, leur entreprise est couronnée de succès après le massacre à coups de couteaux et de tomahawks des deux militaires sur leurs traces. Ils jettent les dépouillent des soldats dans un ravin. Les trois adultes et l’enfant prennent la tangente et abandonnent la tribu à son sort de tribu déportée. Les cherokees sont, eux, conduits en cohorte jusqu’à un fort composé de hautes palissades. Ils y rejoignent d’autres cherokees, en attente pour un futur transfert…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La nouvelle collection Chemins de Nathan se propose de partager des histoires de déracinements, d’exils, de migrations… Une thématique forte, à l’heure actuelle ; et d’ailleurs forte de tout temps. L’objectif est à la fois épique et mémoriel : le lecteur est invité à découvrir des territoires méconnus, des paysages magnifiques mais aussi à comprendre des histoires tragiques de civilisations. En matière d’exil tragique, celui des indiens cherokees imposé par les colons blancs sur l’actuel territoire des USA, entre 1831 et 1838, s’impose parmi les plus éloquents. La scénariste Séverine Gauthier, qui a poussé des études sur l’histoire des civilisations précolombiennes et indiennes, s’imposait aussi pour raconter cette migration. Elle imagine le destin cruel d’une famille de guerriers divisée par cet authentique et politique déracinement. En application du traité de New Echota et de l’Indian Removal Act, cet exil forcé déporta cinq grandes tribus de Georgie vers l’Oklahoma (quelque 1500 km plus à l’Ouest…). La chronologie de ce qui sera baptisé « La piste des larmes » est reprise et documentée dans un cahier pédagogique final. Parfaitement séquencé, le scénario de Gauthier reste simple, fidèle aux réalités de l’époque et somme toute didactique, sans chercher d’artificielle ou rocambolesque aventure. Le dessin stylisé et encré de Stéphane Soularue s’assimile à un rough poussé, hélas imprécis pour permettre l’immédiat distinguo des protagonistes. Sa colorisation vive au lavis oscille entre les teintes jaune et rouges pour les séquences au travers des territoires arides et rocailleux, et les teintes froides et bleus pour les nombreuses scènes de nuit.