L'histoire :
1929, l’année du Krach boursier de Wall Street. Les Kaloyeropoulou sortent d’un hôpital de New York. Ils viennent de voir un psychiatre qui leur fait part de son inquiétude sur l’équilibre de leur petite Maria. A 6 ans, elle vient d’essayer de se suicider en se jetant sous une voiture. Les rapports avec sa mère sont difficiles. Elle ne la comprend pas. Son père est plus doux, plus à l’écoute. Arrivés à Little Athens, Mary se met au piano et commence à chanter « La Paloma ». Dans la rue, les gens se massent à sa fenêtre et l’acclament. Ses parents se disputent alors une nouvelle fois. Quelques années plus tard, Mary, jeune adolescente, voit sa sœur aînée disparaître du jour au lendemain, retournée en Grèce. Puis c’est au tour de sa mère de rentrer en Europe. Mais alors que Mary a trouvé une forme d’harmonie avec son père, c’est sa mère qui l’emporte vers la terre de leurs ancêtres. Elle a 14 ans et la guerre couve en Europe. Alors qu’elle devient pubère sur le gâteau, elle fait la connaissance du commandant, un pessimiste de la plus noire espèce.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Maria Callas est l’une des plus grandes stars du XXème siècle. La cantatrice grecque, surnommée « la Bible de l’Opéra » par Léonard Bernstein, va traverser le siècle en illuminant le monde entier. On connaît beaucoup ses airs, ses succès et sa vie d’adulte avec des mariages tonitruants, notamment celui avec Aristote Onassis. Mais Gaspard Njock a choisi de mettre son enfance, ou plutôt son adolescence, en lumière. On y voit la Callas mal dans sa peau, incomprise et qui comprend mal les adultes. C’est un choix d’amateur, voire d’admirateur, puisque Njock est musicologue et partage d’ailleurs en fin de livre son analyse sur les correspondances entre la bande dessinée et l’opéra. Le parti-pris de l’aquarelle amène de la douceur et de l’intimité au propos, mais le choix de la monochromie est un peu triste et sans relief. On a l’impression que Njock a choisi de ne pas colorer son dessin seulement pour mettre en relief l’orgie de couleurs qu’il a choisie pour illustrer Tristan und Isolde de Wagner. Cela a du sens, mais on a de fait l’impression que l’auteur ne veut s’adresser qu’aux amoureux de l’art lyrique, qu’aux esthètes. C’est finalement un bel album, fin et riche, mais assez difficile d’accès au profane.