L'histoire :
En 1989-1990, le général Krioutchkov, patron du KGB, réunit des officiers de confiance pour leur proposer une stratégie. Gorbatchev est en train de préparer l’effondrement du régime, il s’agit de préparer le chaos qui va s’ensuivre. Le KGB a quelques subsides confortables, car l'organe s’est constitué un trésor de guerre en vendant du pétrole au marché noir pendant la crise pétrolière. Krioutchkov propose « d’investir » (et de cacher) ces fonds dans des actions et des obligations à l’étranger. Afin que l’opération reste très discrète, les quelques camarades qui géraient ces biens ont alors tendance à « se suicider » en tombant de leurs balcons. Ainsi en va-t-il de Nikolai Kruchina, administrateur de l’empire financier et immobilier du parti ; et de son prédécesseur Georgy Pavlov ; et de Dimitri Lissovolik, directeur financier de la section USA. Pendant ce temps, le directeur du KGB à Dresde (ex Allemagne de l’Est), un certain Vladimir Poutine, monte d’ignobles traquenards (des pièges à miel) pour exercer son chantage et obtenir des secrets industriels. Il est dans le secret de Krioutchkov et prépare l’amortissement de la chute de l’empire russe. Il assiste impuissant à la chute du mur de Berlin et quitte son poste à Dresde la mort dans l’âme, vers Leningrad. Au printemps 1990, on lui confie secrètement un service clandestin. Officiellement, il entre au service politique du professeur Anatoly Sobtchak, qui est élu maire de Saint-Petersbourg en 1991…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le plus gros hold-up de l’Histoire est sans doute celui qu’ont réussi les oligarques russes lors de la chute du bloc de l’Est. Les habitants du plus grand pays du monde ont alors été spoliés des revenus de leurs terres et de leur travail, au profit d’une bande de mafieux… dont le parrain a depuis lors confisqué le pouvoir, en toute simplicité, sous prétexte de redonner de la « grandeur » à son peuple humilié. Ce chef, ancien espion et authentique dictateur, est bien connu et toujours en place : il s’appelle Vladimir Poutine. Ses ignobles méthodes pour parvenir à cumuler tant de richesse, d’influences et à manipuler son peuple depuis 30 ans sont décrites par le détail dans cette sulfureuse biographie signée par un spécialiste du renseignement, Yvonnick Denoël. Aux yeux du monde, Poutine se présentait pourtant comme relativement sérieux dans les années 90. Il a commencé à devenir suspect dès lors que ceux qui le gênaient ont eu la fâcheuse manie de mourir empoisonnés (Skripal, Loutchenko, Sobtchak, Navalny…) ou plus prosaïquement flingués (Anna Politkovskaïa, Boris Nemtsov…). Quelques réformes constitutionnelle plus tard, pour s’assurer d’avoir le plein-exercice du pouvoir jusqu’en 2036, et les suspicions se sont transformées en évidence. L’invasion de l’Ukraine et les radicales méthodes guerrières extraterritoriales ont confirmé qu’il faisait partie de la race des cruels et des cyniques. Tous les moyens sont bons pour consolider son assise financière et lui permettre des velléités territoriales d’un autre âge. Denoël raconte la spoliation, le captage des fonds russes, les circuits financiers, les chantages géopolitiques, au gré de nombreuses et un peu fastidieuses séquences de palabres dans des salons obscurs, éclairées latéralement par des lumières glauques et blafardes. Au dessin semi-réaliste, Java se contente de caricatures certes expressives, mais un peu ratées, des crabes de ce panier peu ragoûtant, avec une grande économie de décors.
