L'histoire :
Le 16 avril 1947, Rudolph Höss revient en Pologne dans le camp de concentration d’Auschwitz, un lieu qu’il a lui même contribué à créer de 1940 à 1945. Le tribunal populaire suprême de Pologne vient de condamner cet ancien officier SS à la mort par pendaison. Après lecture du jugement, devant une petite foule de personnes composée de fonctionnaires du ministère polonais, d’habitants et d’anciens détenus, Höss est pendu dans ce lieu où il a fait mourir des milliers de personnes. Auparavant, durant son incarcération à la maison d’arrêt de Cracovie, il écrit ses mémoires. Il raconte son enfance et sa jeunesse, ses expériences de soldat pendant la seconde guerre mondiale. Il explique son ascension dans la SS, puis la façon dont il a apporté son concours à la liquidation des adversaires politiques et de la solution finale juive. Il a toujours fait son travail avec une extrême rigueur, pour la plus grande satisfaction de ses supérieurs. Dans une démarche de performance, il doit donner l’exemple. Après avoir été chef du camp de détention provisoire à Sachsenhausen, il devient commandant du camp de quarantaine d’Auschwitz à construire. Dès 1940, il va transformer ce complexe de casernes en ruine en un camp de transit pour plus de dix mille détenus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre Vivre et mourir à Auschwitz de ce roman graphique signé par l’allemand Dietmar Reinhard est très évocateur. Pour son premier album, l’auteur complet (scénario + dessin) est traduit en français par Olivier Mannoni. Dès les premières pages, le ton est donné : Rudolp Höss, commandant SS du camp de concentration d’Auschwitz durant la seconde guerre mondiale, est condamné à mort par pendaison. Au fil des pages, on découvre alors les débuts du camp, la façon dont les choses ont évolué durant la guerre, les méthodes de concentration ainsi que l'extermination des déportés, car c’est à cela que servait ce lieu de mort. A l’aide d’un dessin réaliste cru dépourvu de couleurs vives, on plonge littéralement dans cet univers de mort à l'atmosphère pesante, sombre et froide. On découvre la mise en œuvre de la machine Auschwitz, le mécanisme ahurissant d'annihilation imaginé par Höss et ses sbires, la manière dont ils ont assassiné méthodiquement des milliers de déportés, juifs, tziganes, politiques, homosexuels. Le récit de l’auteur est sans filtre. Il raconte et montre de façon chronologique les évènements. Les images sont souvent crues, réalistes hélas. Sa narration est tout autant difficile. Malgré son approche morbide frontale et « voyeur », cet éclairage sur une phase d’horreur de l’humanité n’est pas vain. Il permet de faire prendre conscience de ce que l’homme est capable de faire. Peut-être aussi capable de recommencer.
