L'histoire :
Carson City, ça vous dit rien ? Cette région de bouseux, c’est pas vraiment l’endroit tripant pour passer des vacances. Alors qu’est ce qu’on viendrait y foutre, nous autres militaires ? Justement, c’est à cause de ces abrutis que je suis là. Quelques uns de nos hommes, qui ont dû abuser de la bibine la veille, ont déversé des produits toxiques dans le lac. Et on est passé d’un coin paumé et déprimant à un véritable enfer sur terre. Piranhas carnassiers, poissons transgéniques tout droits sortis de l’ère jurassique, humains infectés et cadavres purulents qui rampent et marchent pour chercher de la nourriture… humaine ! Nan, si vous hésitiez encore pour passer dans ce trou à rats, je vous le déconseille. Moi, c’est différent : je suis le général Matthews, l’officier dont vous avez besoin pour nettoyer cette vraie m*****. Alors buter du pèquenaud dans ce cloaque dégueu, c’est pas que ça me gêne. C’est même presque la meilleure BA de la vie. Mais le truc qui ferait presque fondre mon cœur derrière mes médailles durement gagnées, c’est qu’il y a encore des survivants au milieu de cette apocalypse. Des fois, la nature est vraiment bizarre ! Et à propos de nature, c’est au zoo qu’il reste le plus de vies « normales ». Alors y a pas hésiter : vous bougez vos derrières, vous sortez votre plus gros calibre de votre froc et vous serrez les dents comme jamais : c’est pas un exercice ! Les pandas, les rhino, les girafes et autres vertébrés dont j’ai oublié le nom ont besoin de vous, les troufions. Donc vous savez ce qu’il vous reste à faire : faut vous magner le fi** !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série BD Apocalypse sur Carson City s’est achevée en 2018. Les éditions Opla ont alors adapté cet ersatz de zombies/ parodie/ hommage geek/ reprise de films cultes en jeu de société. Une petite boîte pleine de cartes pour un jeu « apéro » fun, l’un des credos de la maison d’édition. Ce qui frappe d’entrée, c’est bien sûr le graphisme de l’auteur Guillaume Griffon, scénariste et dessinateur de la série mère. Ça dégouline de pus et de sang et le noir et blanc est tellement noir qu’on en a presque la nausée. Pas de doute, Opla a mis les pieds dans le plat (ou les canines dégoulinantes dans la chair fraîche) et pas question d’édulcorer le ton gore déjanté des albums. L’autre point fort, c’est l’écriture des règles qui vaut presque à elle seule le détour. Florent Toscano fait parler l’impayable Général Matthews et cela donne un texte complément délirant comme vous n’en avez jamais lu dans des règles de jeu. « Les joueurs joueront dans le sens des aiguilles d’une montre, à condition que le cadran de ta montre se soit pas fait défoncer par la prémolaire d’une poule mutante ! » Le ton est donné. On sait qu’on va découvrir un jeu respectueux et fidèle à l’esprit dingue de la BD. Même si le Gameplay est on ne peut plus simple (un placement et déplacement de cartes personnage qui vont tenter de sauver des animaux tout en butant les zombies et/ou personnages adverses), on ressent une chasse à l’homme mortifère et une course contre la montre jouissive, façon invasion zombie et fin du monde. La re-jouabililté aurait pu être vite limitée si Opla n’avait pas eu la bonne idée de sortir une petite extension qui rajoute vraiment une plus value. Un autre mode de jeu est donc possible en mode coopératif cette fois et c’est un sacré défi. Mais c’est surtout l’ajout du pion Linda Piranha, le cauchemar absolu des derniers tomes d’Apocalypse, qui rajoute une tension et une stratégie marquantes. D’autant que pour le bonheur des yeux, vous pourrez incarner des personnages inédits dessinés par Griffon qui sentent bon l’hommage au cinéma. Ce petit jeu rapide et nerveux méritait donc bien une réédition. Mais si vous ne voulez pas finir bouffé par l’ignorance et les remords, on ne saurait trop vous recommander de découvrir également Apocalypse sur Carson City en BD.