L'histoire :
Un vieil homme sort de sa maison, gavroche sur la tête. Il récupère son balai, laissé contre le mur. Il commence sa journée de travail. Mais avant toute chose, il s'allume une cigarette, en profite et la laisse se consumer jusqu'au bout. Lorsqu'il l'a terminée, il la laisse tomber à terre et la nettoie avec son balai. Son travail a déjà débuté. Il s'installe près d'un café tabac pour nettoyer les trottoirs. Autour de lui, la ville se met en marche : les serveurs installent leur terrasse, la baraque à frites roule vers sa prochaine destination, une femme passe à vélo et des enfants s'interpellent en faisant de grands gestes de la main. Le balayeur a dans ses filets une boîte de conserve. Les deux enfants passent près de lui, aperçoivent la boîte, et commencent à jouer au foot avec elle. Une distraction éphémère, car ils la laissent ici, avant de s'en aller en courant pour rattraper leur groupe. Il y a aussi un vieillard qui passe près du balayeur, caddie en main. Il est doublé par un homme en jogging et en surpoids. Mais celui-ci est fatigué de sa course et fait une pause. Et se fait doubler par le vieillard. Piqué, il reprend son chemin en trottinant. Mais il ne tient pas longtemps. Il se fait à nouveau dépasser. Avant d'être emmené par des infirmiers sur un brancard... et de doubler ainsi sans effort le vieux monsieur.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Thierry Martin (Myrmidon, Dernier souffle), propose ici un ouvrage hybride, au format atypique. Il s'agit d'un leporello, un livre-accordéon, que l'on peut déplier afin d'avoir une seule et même fresque. Il nous raconte une histoire au recto et au verso, alternant les moments de la journée (la matinée et l'après-midi). Les lecteurs découvrent le quotidien du balayeur des lilas – et non le poinçonneur ! Cet homme de l'ombre, souvent invisible aux yeux des gens, a pourtant un rôle déterminant. Par ses petites actions, il arrive à décrypter la société, notre quotidien. Il observe nos automatismes et nos tics. Il est invisible et porteur d'anecdotes urbaines. Il est universel. Cet objet atypique n'a pas réellement de scénario construit, il est plutôt une succession de scénettes qui se déroulent dans la rue, sous les yeux de ce balayeur. Il rencontre des personnages atypiques, des prévisibles, des drôles... Bref, il voit de tout ! Le trait léger de Thierry Martin rappelle par certains aspects celui de Sempé. Il est d'une grande efficacité et parvient à faire ressurgir des émotions en peu de traits. S'il ne propose pas d'intrigue construite, pourtant, au travers de ses illustrations, l'auteur nous invite à la réflexion, à l'arrêt sur image, et nous offre une petite escapade citadine, comme coupée du reste du monde.