L'histoire :
Chargée par un laboratoire suisse de découvrir la molécule du désir chez l’homme, le docteur Steiner et son assistante Yumi sont enfin arrivées à leurs fins. Les derniers tests sur des souris ont en effet été des plus probants, les animaux ayant démontré des comportements sexuels exacerbés. Reste maintenant à tester le produit sur l’homme. Un doute subsiste quant à la dangerosité d’une substance capable d’exciter son hôte et ses partenaires jusqu’à mourir... de plaisir. Qui choisir pour procéder à ce test risqué ? D'abords plutôt sages, la jeune Yumi se propose. L’assistante de la stricte doctoresse – limite frigide – ne paraît pas craindre de perdre le contrôle de son désir et, après tout, elle est peut-être la mieux placée pour servir de cobaye. S'envolant toutes deux pour New York, elles procèdent à un premier essai dès leur arrivée sur le garçon d’hôtel venu les servir. Dès la molécule ingurgitée par la belle Yumi, le sexe de l’homme se dresse comme par magie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis Le Déclic de Manara (et sans doute maintes fois avant lui), l’idée d’un mécanisme miracle capable de provoquer une envie irrésistible – voire bestiale – de sexe chez l’homme pour la femme et vis et versa, n’a jamais cessé de faire fantasmer. On connaît certes aujourd’hui les prodiges de la petite pilule bleue, mais son action reste limitée et moins immédiat que beaucoup pourraient l’espérer. Ainsi, l’idée de transformer tout un chacun en un être animal brûlant de prendre du plaisir est presque consubstantielle de l’ADN humaine. Les classiques de la littérature érotico-pornographique dans la lignée desquels s’inscrit cet album l’ont bien compris. Mais comme souvent, c’est moins le pitch de base qui importe que sa mise en scène. Reprenant maints clichés des fantasmes communément admis (taille des sexes et impuissance supposées, chambre et garçon d’hôtel, triolisme et bisexualité, femme asiatique et femme frigide, rapport professionnels et publics, etc.), l’intrigue est construite autour de chapitres à la « libéralité » croissante. Les personnages découvrent au fur et à mesure les effets paroxystiques du produit testé. Le graphisme réaliste et cru, assez moderne et stylé, reste cependant relativement sobre. Naturellement, rien n’est censuré, mais le désir de trop en montrer ne l’emporte pas sur l’envie de raconter tout de même une histoire et de ne pas se résoudre à un simple coït prolongé. Au final de bonne facture, cette lecture réservée à un public averti pourra titiller l’intérêt d’un large public adulte refusant la tendance outrancière du genre.