L'histoire :
Dans le sud américain des années 50, deux frères noirs conversent sur le perron de la vieille bicoque familiale. Au milieu de la cour, le frère aîné, Big Bill, est pendu à une corde. Jim décide de le décrocher malgré les injonctions de son frère Buck qui veut suivre les ordres du shérif de « ne rien toucher sur les lieux du crime ». Mais voilà, le shérif devrait déjà être là depuis des heures. Ensemble, les frères essaient de reconstituer les faits. Big Bill et sa belle gueule avait séduit la femme de Linus, l’épicier blanc et raciste du village. Ce dernier, cocufié par un noir, avait battu sa femme qui l’avait alors quitté. Big Bill avait même osé accompagner cette dernière en public devant l’arrêt de bus, humiliant encore davantage la petite communauté blanche. Linus, sans aucun doute, devait être l’assassin de leur frère. Cependant, au fin fond de cette Amérique raciste, ils savent tous deux qu’ils n’obtiendront pas justice. Big Bill était un drôle de personnage, flambeur, provocateur et en même temps, conscient de la place qui lui était réservée, comme aux autres « nègres » du pays. Dans la cruauté bien ordonnée de la petite communauté, arrivent alors John et Martha, un jeune couple d’activistes communistes. Citadins, éduqués, militants actifs et courageux, ils vont se trouver étroitement liés aux conséquences de la mort de la Big Bill…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette chronique ordinaire du sud américain des années 50 met en scène les mentalités racistes de l’époque. Les blancs sont baignés de cette bêtise destructrice qui engendre la violence et les noirs sont les victimes fatalistes de cette déchéance sociale. L’arrivée de John et Martha va bouleverser en profondeur cet équilibre social, premier signe d’une Amérique en pleine mutation. Wander Autunes et Walther Taborda signent là un one shot puissant, bien que très caricatural : les blancs cruels et racistes contre les noirs gentils et victimes. La chaleur humide du sud américain nous imprègne complètement et on assiste dans un sentiment de totale révolte à une succession d’événements prévus et annoncés, où plane l’ombre du Ku Klux Klan. Le dessin de Walther Taborda expressif sans être pleinement réaliste, est de toute beauté. Les bouches de ses personnages sont volontairement exagérées, comme si ces derniers nous criaient désespérément leur histoire, nous laissant impuissants spectateurs de l’injustice dont ils sont victimes. Les éditions Paquet ne s’y sont pas trompées en éditant Big Bill est mort dans leur collection de prestige Blandice, d’autant mieux mis en valeur par une couverture magnifique.