L'histoire :
Tandis qu’il feuillette un prospectus vantant les mérites de la Cadillac Eldorado – forcément la meilleure voiture de son temps – le détective-mécano Brian Bones reçoit un coup de fil. Bergson de la Maac Insurance a (encore) besoin de lui pour déterminer les circonstances d’un accident mortel étrange. En effet, une certaine Carol Goddard vient d’être tuée sur le fauteuil passager d’une… Cadillac Eldorado, alors que son mari, producteur de cinéma, conduisait. Alcool, dispute au volant ou… assassinat ? Car si la voiture est assurée par la Maac, le plus bizarre c’est que le mari venait juste de souscrire un contrat de 150 000 dollars au nom de sa femme, chez une compagnie concurrente, la Brood. Or bizarrement, le mari est indemne, car il a été éjecté avant que l’Eldorado décapotable ne percute le mur fatal. Brian Bones va donc devoir enquêter en compagnie de Joe Norton, le confrère de la Brood, un type bedonnant qui débite en permanence des blagues pourries. Première étape de leurs investigations : la morgue. Rien de suspect à signaler : Carol Goddard, également connue en tant qu’actrice sous le nom de Carol Lorraine, n’est plus qu’un morne cadavre. Deuxième étape : le lieu de l’accident. Là encore, les indices corroborent la version de l’accident tragique. Troisième étape : l’interrogatoire du mari éploré, dans sa luxueuse villa…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rodolphe et Georges Van Linthout prennent visiblement du plaisir à orchestrer des polars dans le milieu des mythiques voitures américaines des sixties. Chaque enquête de leur héros Brian Bones, à la fois mécano et détective, se focalise sur une belle carrosserie de l’époque. Ainsi, après la récurrence des accidents meurtriers à bord de Buicks Roadmaster, voici le meurtre maquillé en accident à bord d’une Cadillac Eldorado. Ne vous y trompez pas : le mécanisme narratif ressemble à un prétexte, mais l’enquête est bel et bien carrée, cohérente et néanmoins juste ce qu’il faut d’alambiquée pour sortir du rang. Le vétéran et prolifique Rodolphe n’a plus grand-chose à prouver dans le registre du polar, à part qu’il ne connait jamais de panne d’inspiration. Au dessin, Van Linthout peaufine cette nouvelle veine graphique encrée et semi-réaliste par moment proche de la ligne claire, qu’il a inaugurée avec le tome 1. Son trait de dessin est d’une limpidité irréprochable ; la colorisation des planches est variée et contrastée (by Stibane) ; le découpage nous embarque facilement ; les dialogues sonnent juste ; la recette a une fine et exquise odeur de « BD à papa », que le contexte historique des sixties appuie largement. Allez les potos, on rempile pour une troisième bagnole de collec’ ?
