L'histoire :
Dans les années 60 américaines, Brian Bones est un jeune enquêteur au service de la MAAC, une compagnie d’assurance. Son patron le convoque ce jour-là dans son bureau pour lui soumettre une enquête qui sort de l’ordinaire. En effet, trois clients viennent d’avoir le même type d’accident grave de voitures, en très peu de temps, toujours dans le même virage de la Curtiss Road, en pleine cambrousse. Bones commence son enquête en questionnant ses copains policiers, tandis que l’épave du dernier accident en date est remontée du ravin par une dépanneuse. Avec l’aide de son ami indien Flint – mécanicien et chaman – Bones établit alors que toutes les voitures accidentées sont des Buick Roadmaster. Puis avec l’aide de Peggy-Sue Norton – infirmière et sex-friend aux yeux verts – il parvient à interroger le dernier accidenté sur son lit d’hôpital, un représentant de commerce en cravates, nommé Klein. Salement amoché, ce dernier raconte. Il venait de prendre une autostoppeuse à bord, mais à l’approche du virage fatidique, celle-ci est devenue hystérique. Elle s’est emparée du volant, jusqu’à faire plonger la voiture vers le bas-côté. Ce qui est étrange, c’est que si Klein était accompagné, comment sa passagère a-t-elle pu s’extraire seule du véhicule concassé sans laisser la moindre trace de sang ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un enquêteur beau gosse, solitaire, perspicace et qui roule dans une voiture de sport : voilà un stéréotype parfaitement rodé – donc efficace ? – pour une nouvelle série de polar au sein de la collection Calandre de Paquet. Rappelons le cahier des charges de ce label, qui réclame que l’aventure se déroule au milieu des bagnoles, disons plutôt anciennes. Pour autant, l’enquête que mène ici le fringuant Brian Bones peut se découvrir en one-shot et ne réclame pas de suite. Etant donné l’absence de tomaison, à moins d’un gros succès en librairie, il est d’ailleurs probable que cet album reste unique. Brian Bones se penche donc sur la coïncidence suspecte d’accidents impliquant des voitures de modèle Roadmaster, toujours dans le même virage d’un coin désertique de la côte ouest américaine. Une mystérieuse auto-stoppeuse semble impliquée… un individu l’espionne…le fil de l’enquête n’est pas trop convenu, donc le lecteur est hameçonné. On s’attache d’autant plus facilement à l’intrigue que les auteurs ne sont pas vraiment des bleusailles dans le registre du polar : Rodolphe (au scénario), s’appuie sur une griffe peu habituelle chez son compère Georges Van Linthout. Son dessin tire en effet vers la ligne claire, rehaussé d’une colorisation flashy, selon un classicisme un tantinet désuet mais parfaitement agréable et bien en place. Les lecteurs vétérans et les amateurs de « BD à papa » devraient apprécier. Les autres aussi.