L'histoire :
Dans un futur cosmique fortement belliqueux, le cruel général Camilo est à la tête des Hamarkhis. Mu par une volonté de fer qui n’a d’égal que sa cruauté, ce chef de guerre omnipotent et tyrannique ne vise qu’un objectif : l’anéantissement des Charrun, ennemis héréditaires de son peuple. C’est alors que la découverte d’une matière nouvelle à la puissance destructrice infinie, lui donne un espoir sensé d’écraser ces maudits adversaires. Impatient de passer à l’action avant que les Charrun ne trouvent une parade à cette force de frappe, il néglige les précautions de maniement de cette arme et… se retrouve inexplicablement transporté dans un monde inconnu, en compagnie de ses lieutenants ! Lui qui pensait dominer la moitié de l’univers, le voilà brutalisé par une civilisation archaïque. Il a beau essayer d’imposer sa féroce autorité, il se retrouve rapidement emprisonné et torturé par un empereur qui le prend pour un rebelle. Affaibli, humilié, détourné de son obsession guerrière, Camilo est contraint d’adopter une position plus humble. En discutant avec un compagnon de cellule, il apprend alors qu’une prophétie a annoncé la venue du plus grand des guerriers, pour libérer ce peuple de la tyrannie. Or, il se trouve porter justement le signe distinctif de ce messie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Original et efficace, le premier tome posait les bases d’un space opera batailleur, focalisant sur un être ignoble pourvu d’un certain complexe de supériorité : le redoutable Camilo. On s’imaginait déjà que la suite nous livrerait, dans le même esprit guerrier, l’évolution du conflit entre les deux peuples antagonistes. Surprise ! D’une pure ambiance de science-fiction, lugubre et hargneuse, nous changeons radicalement d’univers pour un décorum d’heroïc-fantasy tout aussi ténébreux. Sur cette partition surprenante, le dessinateur Jean-Jacques Sanchez peaufine encore son graphisme si particulier. Tout en rondeurs, son trait inventif tourbillonne au grès de décors voluptueux, les faciès tourmentés de ses personnages suintent le mal-être d’un monde tout aussi délétère et froid que l’autre. Au début, le héros omnipotent se demande ce qu’il fait là et découvre la suite de sa propre aventure avec le même étonnement que le lecteur. Très habile, le scénariste Olivier Jouvray brouille les codes narratifs usuels et fait avancer ses personnages en terrain découvert : ni les héros, ni les lecteurs, ne savent à quoi s’attendre. Ainsi, la bonne vieille prophétie standard est malmenée avec une certaine jubilation et l’on comprend peu à peu l’intention de cette parenthèse qui dure tout l’épisode : offrir une rédemption à ce despote tyrannique. A priori, le 3e et dernier volet à venir devrait permettre au héros de revenir à son espace-temps, mais dans une tout autre optique, à découvrir…