L'histoire :
Afin d'échapper à un lynchage pour avoir regardé la femme d'un homme blanc, Wilford, un jeune noir bien décidé à sortir de sa condition, s'enfuit de sa ville natale avec pour seuls biens un cheval et un six-coups. Il a dans l'idée de s'engager dans un régiment d'hommes de couleur afin d'avoir une paye, aussi mince soit-elle. Après avoir volé un peu nourriture et réalisé quelques menus larcins pour mettre le maximum de distance entre lui et ses poursuivants, le jeune homme rencontre Cullen, un autre homme noir, ex-majordome et ancien soldat de l'armée sudiste. Tous deux décident de faire chemin ensemble vers le Fort le plus proche, le Fort Mc Kavett, afin de s'enrôler dans l'armée. Après de longs jours d'une chevauchée harassante, les deux hommes arrivent enfin sur les lieux et sont enrôlés dans le 9ème de cavalerie par le colonel Hatch. Après des mois passés à s'entraîner et à patrouiller dans la région, les soldats s'ennuient : il n'y a pas un indien à l'horizon. Mais les Apaches ne sont pas loin et prêts en en découdre avec les Buffalo Soldiers...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autant le dire tout de suite : Deadwood Dick est un véritable coup de poing dans l'estomac ! Venue sans crier gare de chez nos voisins transalpins, cette bande dessinée adaptée d'une histoire de Joe R. Lansdale démarre tambour battant dans la mesure où la narration du scénariste Michele Masiero s'apparente au roman de gare (le dime novel) qu'affectionne particulièrement Lansdale. Le style est incisif, nerveux, et l'histoire racontée à la première personne en prenant sans cesse le lecteur à parti permet d'apporter énormément de relief à ce récit sans concession. Ainsi, loin de tomber dans un scénario linéaire, le lecteur se retrouve transporté dans l'histoire telle qu'elle est racontée par Deadwood Dick, avec pas mal de retours en arrière, de passages oniriques et beaucoup de violence. À ce titre, on sent que Deadwood Dick sous titré Noir comme la Nuit, Rouge comme le Sang se rapproche des westerns corrosifs à la sauce italienne (on pense à Tex et le Seigneur des Abysses, notamment) ou à des bande-dessinées de la trempe de MacCoy pour le côté brut de décoffrage (les meurtres ou les scènes de torture commises par les Apaches, par exemple). Ceci étant, l'ensemble est traité avec beaucoup d'humour et une pointe de cynisme qui font mouche. Mais loin de se cantonner à de la violence pure et dure, Masiero développe aussi en toile de fond des sujets sérieux comme la couleur de peau, la pauvreté ou bien le communautarisme. De son côté, l'artiste Corrado Mastantuono a opté pour un noir et blanc qui colle parfaitement à l'esprit du dime novel et son trait nerveux épouse parfaitement la narration énergique de Masiero et l'ambiance craspec de cette aventure de ce sacré Deadwood Dick. L'homme ne se prive pas de nous concocter des dessins tape à l'œil et on en redemande ! Quelques 120 pages plus tard, on se retrouve hagard et encore tout retourné de ne pas avoir découvert Deadwood Dick plus tôt !