L'histoire :
De nos jours, alors qu'il se baigne dans une rivière de Californie, un gamin découvre au fond l'épave d'une vieille bagnole. Contre une pièce, il en avertit deux vieux frangins mécaniciens. Ces derniers extraient le véhicule, le décapent, le réparent et après des jours et des nuits de labeur passionné, ils se lancent à l'aventure : en route vers New York via la route 66. Ils sont ainsi heureux de rouler vers le levant, à travers les grands espaces du Nevada, sous un soleil de plomb. Ils profitent de la présence d'un gros engin de dépannage abandonné au bord de la route pour faire une pause pipi à l'ombre. Puis ils repartent, sans s'apercevoir que la dépanneuse n'était pas vraiment abandonnée. Son mystérieux conducteur décide de les prendre en chasse. Il commence par leur faire une queue de poisson à pleine vitesse, les obligeant à un dérapage dangereux... Puis il disparaît, comme par enchantement. Un peu plus loin, il réapparaît de nouveau derrière eux, en leur infligeant un gros coup de boutoir. Les deux frangins perdent le contrôle de leur voiture, sortent de la route et s'immobilisent à quelques mètres dans le désert. Hélas, ils se sont stabilisés dans des sables mouvants et la voiture commence à s'enfoncer. C'est alors que, depuis la route, la dépanneuse recule et leur envoie un palan pour les sortir de là avec son treuil...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2015, Dominique Monfery avait débarqué dans le paysage de la Bande dessinée avec un diptyque, Tin Lizzie, dévoilant un trait d'emblée bien mature et surtout extrêmement dynamique. Cet ancien animateur de dessin animé assouvissait ainsi sa passion pour les vieilles guimbardes... et il récidive aujourd'hui en one-shot, pour sa seconde œuvre d'art séquentiel. Il reprend quasiment le même personnage de vieille bagnole au centre du récit, dégageant presque un caractère de personnage à part entière, toujours parfaitement au point sur le plan graphique... Mais il cède un tantinet à la facilité sur le plan du scénario. Cette histoire de traque folle et dénuée de mobile, entre une guimbarde retapée conduite par deux papys et une inquiétante dépanneuse géante, comme mue par des forces démoniaques, semble en effet directement inspirée du film Duel de Steven Spielberg, voire de Christine (le roman de Stephen King, adapté au cinoche par John Carpenter). La trame narrative ressemble surtout à un prétexte pour pouvoir dessiner des courses-poursuites effrénées, des accidents virevoltants, des carlingues qui se courbent façon caoutchouc, selon des cadrages savants (vues du dessous, en profondeur, en subjectif...). Monfery est sans doute atteint par le même symptôme que Christian Denayer lorsqu'il dessinait les Casseurs. En tout cas, sur ce plan, c'est pleinement convaincant. Après avoir lu cette histoire complète indépendante, qui vous fait un doigt d'honneur pour vous accueillir en couverture, vous y réfléchirez à deux fois avant de soulager votre envie de pipi au bord de la route sur les pneus d'une dépanneuse...