L'histoire :
Juste après la seconde guerre mondiale, l’espace et la lune, en particulier, deviennent l’objet d’une confrontation indirecte entre les blocs de l’Est et de l’Ouest qui viennent tout juste de se former. Mais avant d’en découdre sur ce terrain de conquête, c’est en Corée que les idéologies capitalistes et communistes s’affrontent. A cette occasion, on repère dans les cieux un talentueux et téméraire pilote de chasse de la Navy, Neil Armstrong. Sa dextérité et son sang froid, en toutes circonstances font l’unanimité. Un autre pilote, qui fait ses armes dans l’Air Force, est tout aussi surprenant au manche de son jet pour mener la vie dure aux MIG qui ont l’audace d’engager le combat. Il s’agit d’Edwin « Buzz » Aldrin qui lui aussi marquera l’Histoire à jamais… Mais avant de pouvoir imaginer poser le pied sur l’astre lunaire, il faut bâtir un programme spatial digne de ce nom. Et si russes et américains ont en commun le désir impérieux de supplanter leur concurrent dans cette ambition, ils rencontrent les mêmes difficultés à convaincre les politiciens. Le 4 octobre 1957, les russes prennent l’avantage. Leur petite boule, Spoutnik 1, mise en orbite, ils sont pour quelques temps les seuls à occuper l’espace. Pas question alors, pour le Président Dwilight Eisenhower de se faire damer le pion : il exige qu’un programme ambitieux réunissant les programmes rivaux Vanguard et Von Braun permette de leur rendre la pareille. Les graines de la NASA sont ainsi plantées. Elaborée à la hâte, cette réponse arrive le 6 décembre 1957 : devant la presse internationale, l’US Navy Vanguard TV-3 est mis à feu… et explose à quelques mètres du sol. Malgré cet échec, la course a bel et bien commencé.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joe Wight nous entraine dans une bien passionnante rétrospective pour célébrer comme il se doit le 40e anniversaire de ce fameux 21 juillet 1969 qui vit, enfin, l’homme poser son pied sur l’astre lumineux, qui le narguait chaque nuit depuis la Création. Grâce à un découpage rythmé qui distille la dose idéale d’informations historiques sans provoquer la nausée, il parvient sans difficulté à nous accrocher à cette course sovietico-américaine. On connait le dénouement de « l’intrigue » avant d’avoir ouvert l’album et pourtant on est happé, sans même s’en apercevoir. Ainsi, Joe Wight manie avec brio la science de l’alternance (exercice si souvent raté dans le 9e art) pour évoquer tantôt le programme russe puis l’américain, planter le contexte politique sans donner de leçons d’Histoire, nous faire petite souris à côté des astronautes et, plus surprenant, manier le suspens pour vivre sous tension les premiers pas. Graphiquement, on assiste à un exercice appliqué, surtout (à l’instar des autres productions Cockpit) lorsqu’il s’agit d’amuser le crayon dans les cieux étoilés ou d’un bleu renversant. Les planches respirent et le réalisme des jets, fusées ou autres modules spatiaux raviront les amateurs. On regrettera juste que ce soin s’évapore pour détailler les visages de 2e ou 3e plan, mais cela participe certainement au style de l’artiste. En tout cas, il s’agit d’une vraie réussite : distrayante voire captivante même si, à priori, l’idée de suivre un documentaire sur le sujet ne soulevait pas l’enthousiasme du lecteur peu féru de l’univers en question. Bien joué !
