L'histoire :
En 1932, un homme seul et désespéré se suicide d’une balle de révolver à son domicile de Long Island (état de New York), devant un dessin d’enfant. Deux ans plus tard, le célèbre détective Hercule Poirot retrouve par hasard Monsieur Bouc, Directeur Général de la Compagnie des Wagons-Lits, sur un ferry d’Istanbul. Ils se contentent de pouvoir ensuite voyager à bord du même train : le fameux Orient-Express, à destination de Calais. Au moment de l’embarquement sur le quai de la gare, l’affaire n’est pourtant pas gagnée : Poirot n’a pas réservé son billet. Grace à l’intercession de Bouc, il bénéficie heureusement de l’absence d’un autre passager au moment du coup de sifflet, pour prendre sa place. Il voyagera ainsi à la place d’un certain Harris, et partagera le compartiment avec un certain MacQueen, peu agréable. Les premières heures, Bouc et Poirot passent leur temps ensemble, notamment dans la cabine restaurant. Un vieil homme, Mr Ratchett, réclame alors un entretien avec Poirot. Il aimerait que Poirot le protège, car il est menacé. L’homme est détestable et Poirot refuse : il n’est pas garde du corps, mais détective ; son job ne commence que lorsque le crime a déjà été commis. La nuit suivant, tandis qu’une tempête de neige immobilise le train dans des congères, Ratchett est effectivement assassiné de plusieurs coups de couteaux. Etant donné les conditions climatiques, le coupable ne peut être qu’un passager encore présent dans la voiture où se trouve Poirot. Le détective mène donc l’enquête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce n’est pas la première fois que le célèbre roman policier d’Agatha Christie, un classique du « whodunit », est adapté en BD (François Rivière et Jean-François Miniac avaient inauguré la série dédiée à la romancière par ce titre, en 1995). Cette nouvelle adaptation est cependant réalisée par un sacré duo d’auteurs : l’allemand Benjamin von Eckartsberg et le chinois Chaiko, déjà co-auteurs dans un autre registre de la Chronique des immortels. Les auteurs collent au roman, et parviennent tout d’abord fort bien à restituer l’ambiance du huis-clôt légèrement oppressant. Chaiko utilise un trait quelque peu différent de celui des Immortels : plus encré sur les personnages, plus vif ou rapide aussi, mais toujours aussi efficace pour souligner les expressions faciales – l’œil malicieux de Poirot ! L’harmonisation de la mise en scène et du découpage, ici sur 62 planches, n’était pourtant guère évidente, étant donné le contexte en milieu fermé, dans un décor restreint. Pour les néophytes, rappelons la problématique de départ : un crime à l’arme blanche a été commis à bord d’une voiture du fameux train Orient Express, tandis que ce dernier est immobilisé par une tempête de neige, dans un coin isolé de Yougoslavie. L’assassin est donc forcément l’un des passagers des 10 compartiments. Scrupuleux et expérimenté, Poirot mène donc une série d’entretiens et exerce son talent d’observation hors pair pour faire éclater une incroyable vérité. L’affaire est moyennement morale, quand bien même la victime est un sale type, et finalement logique, malgré ses conjectures parfaitement rocambolesques.