L'histoire :
Dany nait en 1981 dans la Roumanie de Ceausescu. Ses premiers souvenirs remontent à l’âge de 3-4 ans. Il vit imprégné de chaleur familiale, avec des proches aimants et protecteurs. Il se souvient de ses séjours chez ses grands-parents, à faire des promenades à la campagne… mais il se souvient qu’il adorait aussi rentrer dans son appartement de 3 pièces en ville, son chez-lui. Lire des livres avec de belles images était son bonheur, tout comme celui de sa mère et de sa grand-mère. Dany évoque les longues files d’attentes devant les commerces de nourriture. A l’époque, le régime roumain est largement sous le joug de l’empire soviétique et l’économie du pays est désastreuse. Dany va à l’église avec sa mamie, très croyante ; puis son papy lui apprend à fabriquer des guirlandes en papier pour décorer l’appartement à l’approche de Noël. Il se souvient des chouettes dessins animés au cinéma, de l’unique quart d’heure de programme à la télé pour les enfants, des aquariums avec de faux requins empaillés, mais qui le terrorisent, au musée d’Histoire Naturelle. Et puis un jour, Dany a soudainement très mal au ventre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout comme Marzena Sowa nous a raconté dans la BD Marzi, il y a quelques années, son enfance dans la Pologne des années 80 sous le joug communiste, Daniel Horia nous retrace aujourd’hui ses souvenirs dans la Roumanie des… années 80 sous le joug communiste. Les lecteurs de Marzi seront donc en territoire connu, car le ton léger enfantin, la nature des souvenirs et le contexte de cette société sous restrictions et sous oppression permanente sont quasiment les mêmes. La couverture est très explicite : Dany vit une enfance heureuse dans un joyeux cadre de verdure, tandis que le contexte de fond est triste et gris. Les immeubles vétustes et déshumanisés symbolisent le naufrage du collectivisme à la soviétique. Le récit se déroule globalement en deux temps : une première partie se consacre à la retranscription de la vie de famille : insouciante malgré les pénuries, avec un entourage aimant, et quelques secrets enfouis… Puis Dany déclenche une appendicite, et la seconde partie s’accroche alors au (faux) suspens des complications – on se doute bien qu’il ne meurt pas, puisqu’il a fait le bouquin ! Le dessin très coloré renforce la sincérité et le regard enfantin de ces mémoires, selon deux techniques qui s’accommodent fort bien : les personnages stylisés au premier plan se superposent à un arrière-plan souvent plus réaliste, composé de décors redessinés en numérique sans contours de formes. C’est à la fois enchanteur, cohérent, et le fruit d’un sacré boulot de (re)composition.