L'histoire :
En 1908, s’ouvre le salon de l’automobile de Paris avec, pour la première fois, une section aéronautique. En effet, il y a 5 ans que les frères américains Wright ont réussi les premiers vols contrôlés et motorisés avec des plus lourds que l’air… et ce domaine technique est en pleine ébullition. Un pilote anglais y est évidemment présent et très en vue, Gabriel L. Montaigue. Charmant, intrépide et talentueux, le jeune homme attise sans cesse la jalousie de son rival Richard de Winter, estropié. Richard a en effet perdu l’usage de ses jambes lorsqu’adolescent, il a chuté d’une falaise du littoral anglais, après s’en être élancé avec un vélo et des ailes de sa confection accrochées dans le dos. Aujourd’hui, depuis sa chaise roulante, de Winter aimerait un jour faire la nique à Montaigue… Mais hélas, l’exhibition qui s’ensuit aboutit – comme souvent – à un atterrissage raté de son appareil. Non seulement de Winter va être obligé d’en reconstruire un, mais en plus il assiste au numéro de charme de Montaigue auprès d’un troisième concurrent, une ravissante femme pilote. Quelques semaines plus tard, les deux hommes se retrouvent convoqués à bord d’un zeppelin par le président du Royal Aéro Club. Ce dernier espère peser en faveur du développement de l’aéronautique auprès du War Office. Les tensions sont en effet de plus en plus vives avec l’Allemagne et il ne s’agirait pas d’être en retard sur ce plan en cas de guerre. Or, une fois de plus, c’est Montaigue qui tire son épingle du jeu. Le challenge du moment se focalise sur la traversée de la Manche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la collection Cockpit de Paquet, l’autodidacte suisse Max Vier revient sur l’ébullition aéronautique du début XXème siècle, une course technologique lors de laquelle de hardis pionniers repoussaient sans cesse les limites de l’impossible. Cette histoire en one-shot (de 100 planches) met en scène l’antagonisme entre deux pilotes anglais : Gabriel Montaigue et Richard de Winter. Le contexte historique est donc réaliste, mais les personnages fictifs : ils sont des émules de pionniers comme Hubert Latham, Louis Paulham ou Louis Blériot (ce dernier figure d’ailleurs en tant que protagoniste). Quelque peu artificielle sur le plan psychologique, la rivalité aéronautique et sentimentale entre les deux hommes occupe le gros de l’intrigue, sur fonds de course à l’exploit et de préparatifs à la guerre. Pour ce faire, Max Vier a recourt à une « narration globale », qui entremêle parfois les états d’âme du personnage principal à ses souvenirs et aux situations présentes. On comprend certes toujours ce qui se trame, mais parfois de manière floue. Ce parti pris est toutefois en adéquation avec le découpage, qui fait la part belle aux nombreux ballets aériens, parfois oniriques pour relayer la dimension céleste de la prouesse aéronautique. Graphiquement, les virevoltantes séquences aériennes sont convaincantes sur le plan des décors, des angles et des profondeurs… un peu moins pour les visages des héros, montrant une expressivité limitée et qu’on a tendance à confondre. Soyons indulgents : pour une première œuvre de BD, le résultat est plus que prometteur !