L'histoire :
Yona n’en croit pas ses yeux. Un hébreu barbu, un certain Moïse, a menacé Pharaon de divers fléaux s’il ne libérerait pas son peuple réduit en esclavage. Devant le refus de Pharaon, il a commencé par changer les eaux du Nil en sang. Du coup, tout le monde a soif dans la villa de Yona. Tout le monde, sauf 3 de ses femmes, dont la plus jeune Libi, qui ont vidé les tonneaux de vin et de bière. Tandis qu’elles cuvent, nauséeuses, Yona pique une tête dans le minuscule puits que son esclave Jeroboam a creusé pour lui. Après consultation auprès du devin local, il sait que Libi est la future mère de ses enfants… mais elle est tout de même encore un peu jeune pour cela. L’eau finit par revenir dans le Nil, aussi soudainement qu’elle s’était métamorphosée. Mais puisque le peuple hébreu est toujours sous le joug des égyptiens, Moïse enchaine avec la seconde calamité : une invasion de grenouilles et de crapauds. C’est immonde : il y en a partout. En rage, mais bien décidé à ne pas céder au chantage, Pharaon convoque Yona et lui demande de trouver une solution. Yona retourne la problématique vers son devin, qui la pose à sa femme, qui en parle à ses amies, qui la répercutent à la maison, et qui aboutit sur une discussion de comptoir. La solution est pourtant limpide : faut leur serrer la vis à ces feignants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A contrario des éditions Delcourt qui ont entrepris une adaptation sérieuse et œcuménique de la Bible, David Ratte poursuit sa version humoristique et… franchement réjouissante du premier testament ! En effet, on suit ici la vie antique et conjugale compliquée de Yona, un égyptien sec et nerveux qui n’a rien à envier à Louis de Funès. Tandis qu’il obéit à son destin qui lui impose une descendance juive (les boules !), il est mêlé de près aux 10 plaies d’Égypte que Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, inflige à l’Egypte. C’est surtout sur ce front que le récit progresse au cours de ce tome 2 : la petite Libi endure comme les autres les conséquences de ces calamités, même si son caractère rebelle maintient l’attention sur elle. On vous laisse imaginer le parti truculent que peut tirer l’auteur d’une invasion de crapauds… bien que le principal ressort comique se trouve une nouvelle fois dans les dialogues truffés d’expressions contemporaines. Ratte ne se prive pas non plus de nous rappeler que les conflits de civilisations ont tendance à stagner dans leurs mentalités (« Dehors les hébreux : l’Egypte, on l’aime ou on la quitte »). Enfin, le dessin, entre une veine semi-réaliste (pour les décors) et humoristique (pour les expressions caricaturales), gagne vraiment en percussion en étant édité en grand format, ce qui est assez rare dans le registre pour être souligné. A suivre : la série est cette fois annoncée en 4 tomes (chic !)…