L'histoire :
En affirmant à sa compagne que le mariage est un « tue-l’amour », Sabaz imaginait sans doute faire preuve d’esprit. Mais la partition qu’il joue ce soir là à la jeune femme interrompt définitivement leur relation... La vie de d’Elia Sabaz est rythmée par son refus inconscient de grandir et sa science parfois désastreuse de l’improvisation. Le bonhomme aime les femmes et, comme lorsqu’il prend son saxo pour un set de Jazz, il improvise en fonction de la belle qu’il souhaite apprivoiser. Impertinence, mensonges et autres stratagèmes sont alors au menu. Professionnellement, la situation est loin d’être merveilleuse : instituteur, il subit le courroux de son directeur en raison, en particulier, de ses retards fréquents et de son manque d’imagination pour intéresser les chères têtes blondes. Sa chance se manifeste bientôt lorsqu’un responsable d’une maison de disque le convoque pour remplacer célèbre jazzman au pied levé. Mais la gloire est brève et la désillusion forte : Elia doit juste se contenter de l’habillage d’un spot radio pour venter les mérites d’un dessert. Néanmoins, le saxophoniste ne se décourage pas et décroche pour lui et sa formation une représentation unique devant des gens du métier. Le grand soir tourne au désastre, puisqu’Elia tombe en panne en se rendant à la manifestation. La nuit même, cependant, il gagnera ses premiers gros billets de saxophoniste, en remplaçant par hasard un musicien. Il rencontrera, aussi, une charmante serveuse dont la poésie l’envoutera…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouvelle figure de proue de la collection Discover, nouvelle petite perle à ajouter à ce collier qui commence à devenir un superbe bijou, cet Improvisateur séduit… Pour commencer, l’emballage est des plus agréable : une conception proche du roman traditionnel (sans image…), tant par le format que par le découpage en chapitre par exemple. Mais au delà de l’objet, le contenu mérite que l’on s’y attarde doublement. D’abord ce sont les yeux qui commandent et se laissent rapidement amadouer par le travail de cet italien autodidacte. Le trait est doux et reposant, proche de l’école moderne, l’extravagance en moins. Les cadrages sont subtils et souvent bien choisis. La mise en couleur impeccable unit le dessin à l’histoire. Car c’est, ensuite, ici que l’ouvrage prend toute sa valeur : la finesse du récit. Sualzo fait en effet preuve d’un réel talent d’écriture jouant subtilement entre humour et poésie. Il y a tant de justesse qu’on pourrait presque penser qu’il s’agit de quelque chose de personnel qui nous est livré. Quand on apprend sur sa biographie qu’il est lui-même un saxophoniste manqué, la confusion est totale…Enfin, les citations qui introduisent chacune des chapitres, sont savoureuses et démontrent l’amour de l’auteur pour la littérature. Il pioche avec talent chez les très bons (Pessoa entre autres). Sans être révolutionnaire ce titre éveille notre sensibilité et donne envie de connaitre un prolongement. A suivre donc…