L'histoire :
En 1923, Charles Nungesser s’est reconverti dans les spectacles d’acrobaties aériennes, du côté de Chicago. Cet ancien pilote de la Grande Guerre aime le grand frisson de la voltige. Et clairement, il ne peut plus s’en passer. Pour autant, la prise de risques réitérée en vaut-elle la chandelle ? Bob, le patron du Flying Circus, aimerait qu’il continue longtemps ses loopings, car il assure le fonds de commerce de sa petite entreprise ; en revanche, sa future femme Consuela apprécierait grandement qu’il raccroche. Hollywood s’intéresse même à son destin : un film serait en projet, dans lequel il incarnerait son propre rôle. En 1924, « Nunge » joue du poing dans un saloon du Wyoming. Un français, lui aussi pilote, lui vient en aide, du nom d’André Bellot. Les deux hommes deviennent amis. Mais quelques jours plus tard, pour renflouer les caisses de son entreprise, Bob propose à Nungesser de passer à un autre niveau d’exhibitions aériennes : des simulation de combats à balles réelles ! Nungesser prend la mouche : ce sont des risques idiots, une insulte à ses camarades tués à la guerre… il démissionne. Mais Nungesser n’est toujours pas heureux. Sans sa passion pour le pilotage, il perd confiance en lui, et ses finances sont au plus bas. En 1925, il passe un peu de temps au contact des comanches et se met à dresser des chevaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec la disparition d'Antoine de Saint-Exupéry en Méditerranée, la tentative de traversée de l’Atlantique Nord par Charles Nungesser et François Coli reste l’une des plus célèbres (et mystérieuses !) tragédies des pionniers de l’aéronautique. Destiné à rejoindre New York depuis Paris en mai 1927, leur avion, baptisé « l’Oiseau blanc » a été aperçu une dernière fois au large de l’Irlande… puis il disparut à tout jamais. Que leur est-il arrivé ? A ce jour, nul ne le sait. Au scénario de ce one-shot, Pascal Bresson a la bonne idée de ne pas tenter d’explication, s’en tenant aux faits, en amont de l’énigme. Son récit biographique s’intéresse donc aux années difficiles de Nungesser, au lendemain de la première guerre mondiale. Dans quel état d’esprit était cette tête brûlée, jadis as de la Première Guerre (43 victoires homologuées) pour accepter un tel défi ? Bresson le présente comme acculé par les dettes, un peu casse-cou (plusieurs fois blessé pendant la guerre, il n’avait eu de cesse que de retourner au combat), mais surtout en proie au besoin de se surpasser. La guerre laisse des traumas psychologiques mortels, à vie (sic). Et plus que les nombreuses meurtrissures physiques, ou le soldat collectionneur de cadavres, c’est cet état d’esprit étrange, sorte d’héroïsme forcené et désintéressé, qu’a ostensiblement essayé de cerner Bresson. De fait, ce portrait s’établit sur une majorité de palabres, souvent un peu sentencieux, selon un rythme peu spectaculaire. On découvre ses années américaines (voltige et rodéo), son couple bancale, son rapprochement avec Coli et la préparation difficile de la traversé. L’histoire s’achève brusquement, au moment de l’envol de l’oiseau blanc. Le dessin est assuré par un duo bien rodé : André Taymans (généralement attaché aux personnages) et Erwin Drèze (qui se charge plutôt des avions, voitures, décors…). Leur griffe artistique conjointe, établie sur un trait encré plutôt épais (pas très loin de Caroline Baldwin) est régulière et cohérente sur la longueur.