L'histoire :
Par une belle journée ensoleillée, le jeune Guilio traverse une gigantesque clairière qui se trouve au milieu d’une forêt non moins infinie, en direction de la bourgade d’Hautefort. Chemin faisant, il aperçoit une bouteille bizarre flottant sur un cours d’eau, puis recueille un mystérieux « objet » rapporté par son rapace Izard. Cet objet l’encourage dans le projet insensé de découvrir le monde. Il veut en faire part à son ami Savarou, mais lorsqu’il le retrouve à Hautefort, celui-ci a une famille et il a bien grossi. Guilio se ravise et écoute dans une taverne le discours plein d’entrain d’un aventurier qui s’apprête à partir sur « le chemin ». Ce chemin est en fait une percée qui part en ligne droite à travers la forêt, et nul n’a jamais réussi à revenir de son extrémité pour raconter ce qu’il y a vu. Après une nuit de cauchemars, Guilio va consulter son autre ami le mage Arcchus. Celui-ci sème le trouble dans la tête de Guilio et l’incite à mots couverts à entreprendre lui aussi le périple du chemin. Guilio ressort de chez Arcchus avec une étrange boule verte dans la poche. Plus tard, le jeune homme trouve l’allié idéal pour son projet, en la personne d’un bucheron colosse. Bizarrement, Ozgur est en effet immédiatement disponible et enjoué à l’idée de partir sur le chemin. Aussitôt, ils partent et pénètrent dans l’infini tunnel de feuillage. Rapidement, leur allure les amène à avancer dans la pénombre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Hormis le registre fantastique, ce Voyageur imprudent n’a pas grand-chose à voir avec celui, plus célèbre, de René Barjavel. Sous ce titre, Paquet réédite en fait le premier opus de La malédiction des boules vertes, un exemple-type de la quête initiatique dans un monde féerique imaginaire, une série de cinq tomes initialement parue chez Casterman dans les années 80. Au tout début de l’album, un texte préambule décrit précisément le contexte et la quête prometteuse : celui qui réunira 3 des 7 boules vertes de l’immortel Hori glanera le pouvoir absolu. Or cette donnée préalable est bien étrange. Car si on aperçoit effectivement une boule verte à la 10ème planche, sans grand focus porté à son sujet, la quête à laquelle se livre le jeune héros Guilio n’a rien à voir (pour le moment) avec ces boules vertes. Ce jeune homme curieux de nature se lance en effet en compagnie d’un bucheron colossale et sympathique dans la traversée d’un chemin qui semble interminable. Après avoir un peu tâtonné au départ, la narration emprunte dès lors un rythme très linéaire, se contentant d’empiler les rencontres réelles ou oniriques (lapins, gnomes) et les périples (les épines, la liane rouge), jusqu’au terme du chemin, dévoilé dans les dernières pages (et on ne vous dira pas ce qu’il y a). Si la finalité de tout cela reste pour le moment indéfinie, le petit côté désuet n’a toutefois rien de désagréable. Notamment le dessin minutieux et régulier de Laurent Parcelier, dans un style très proche de la ligne claire, rappellera aux nostalgiques les grandes heures de l’âge d’or. Signalons aussi que la mise en couleur a été entièrement refaite (et soignée !) par Samuel Epié. Le tome 2 devrait remettre un peu d’ordre dans cette aventure et insuffler les justes intentions de cette quête légendaire tout public…
