L'histoire :
Calcare est un artiste désœuvré qui vit au jour le jour en faisant les mêmes choses. Il fait les courses en prenant exactement les mêmes produits au même prix. Il ne fait pas le ménage et encore moins la vaisselle. Il mange en regardant les séries télévisées et tente de trouver l'inspiration sur internet. En réalité, il ne crée qu'en copiant sur les autres et il doit donc chercher un style d'artiste qui correspond au sien et l’imiter sans le copier. Il se sent souvent seul et n'a qu'une personne a qui parler : son tatou, qui est son ami imaginaire et sa conscience, qui intervient constamment dès qu'il fait quelque chose. Une nuit, il reçoit un mail de son amour d'enfance, Camille. Surpris, Calcare l'ouvre : il s'agit en fait du père de Camille qui lui apprend qu'elle est décédée. Le plus difficile est à venir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici un petit OVNI de chez Paquet. A travers de petites saynètes, Zerocalcare raconte l’histoire de sa vie, de ses doutes et de ses peines. Cette autobiographie morcelée en plusieurs mini-chapitres garde malgré tout un fil conducteur : la mort de cette amie d’enfance qui aura marqué l’auteur. Cet incident permet au personnage de revenir sur son passé, en le comparant à ce qu’il est aujourd’hui. L’occasion également de revenir sur toute une génération qui aura perdu ses illusions sur Nirvana, qui ne jurera que par Star Wars, qui aura connu les Tamagoshis ou qui se sera battu à la façon de Sangoku. On a évidemment déjà vu de jeunes artistes s’épancher sur leur vie dans des blogs ou des bandes dessinées, mais on aura rarement croisé une forme aussi créative avec le style de Zerocalcare. L’artiste se permet toutes les fantaisies, décloisonne son récit au grès de sa pensée, multiplie les références culturelles de son temps et se rit de tout, de façon désabusée et émouvante. Certaines fins de chapitres sont des moments de poésie, tant l’auteur se livre avec délicatesse et émotion dissimulée. Le style graphique est aussi plein de trouvailles passionnantes. Chaque élément est dessiné de façon originale : les personnages sont zoomorphes pour qu’ils gardent l’anonymat et l’auteur se plait à représenter ses voix intérieures par des personnages de fiction bien connus. Le dessin faussement caricatural est pourtant très impressionnant : tout est plein de vie et remarquablement représenté. Beaucoup de lecteurs s’identifieront aisément à cette autobiographie drôle, sensible et cynique, à tel point qu’on croirait qu’il a été écrit pour les trentenaires qui sont nés dans les années 80. Un album jubilatoire qui redonne une seconde jeunesse.