L'histoire :
Botaniste en1716, le jeune Lafler exulte en annonçant à son mentor qu’il part pour les indes occidentales. Un monde nouveau, des milliers de plantes nouvelles à découvrir, des graines qu’il promet d’envoyer… Pourtant, le voyage ne se passe pas comme prévu. Des pirates l’enlèvent et exigent une rançon de son futur patron planteur, qui se fiche pas mal de son sort. Un doigt en moins, voilà Lafler sur une île déserte, entouré de trois pirates sans scrupules, avec pour seule perspective de devoir creuser sa propre tombe. Soudain, un imprévu perturbe ce funeste destin. Une tête de pirate, dormant et ronflant, dépasse du sable à la lisière de la forêt. Bill « la rose au cul » reconnait Wilson « l’enragé », un flibustier rival, visiblement enterré jusqu’au cou. Wilson se réveille et harangue sans hésiter son vieil adversaire. Or, lorsque Bill shoote dans la tête de Wilson, celle-ci roule sur le sable… Sortilège ! Wilson a effectivement perdu son corps ! Les pirates prennent leurs jambes à leur cou et la tête de Wilson se retrouve seule avec Lafler. Dans ces conditions, les deux « hommes » sympathisent. Wilson libère Lafler de ses liens en les mordillant et lui propose de construire un radeau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On reconnait bien dans ce scénario totalement déjanté la patte iconoclaste d’Artur Laperla, déjà auteur de l’excellent Voleurs de chiens. Dans un décorum de piraterie ordinaire et plutôt réaliste, Laperla ne s’attarde pas sur les présentations et les préliminaires : dès la 5e planches, voici une tête détachée de son corps, et ailleurs, donc, un corps détaché de sa tête. Cette histoire pour le moins loufoque est alors rythmée par des dialogues truculents et un sens du rebondissement imprévu, jubilatoire et sans complexe. Laperla s’amuse ainsi à reprendre la célèbre scène du capitaine ancêtre de Haddock, bataillant sur son navire (Le secret de la licorne) ; il fait encore entrer en scène deux navigateurs anglais baptisés Holmes et Watson… Sans être fondamentalement très originaux, son dessin simple et son découpage fluide rendent l’ensemble néanmoins très lisible. Enfin, au terme de ces 32 planches (c’est le concept de la collection Tekap), la trame incongrue de ce premier tome prend tout son sens : le jeune héros Lafler (que les autres appellent La Fleur) et son copain tête de pirate vont partir en quête du corps manquant. Bien futé celui qui aura deviné à quoi il faut s’attendre pour les deux tomes restant…