L'histoire :
Cette histoire (hautement !) autobiographique commence à Yaoundé en Afrique. Pierre, un Blanc bizzaroïde qui se dit éditeur, est venu proposé au « man » Pahé de publier son travail : « le summum de la trilogie ubuesque (?) et simiesque (??) » du 9e art. En clair, il souhaite bosser avec lui. Sceptique car échaudé, la guêpe point folle flaire l’embrouille… Que nenni ! L’affaire est des plus sérieuses et le deal conclu. Voilà donc Pahé derrière sa table à dessin travaillant nuit et jour à illustrer sa vie. Tout débute à Bitam au nord du Gabon. Issu d’une famille (très) nombreuse, son père chef du village Eboro ayant plus de 10 femmes (!!), sa mère a un jour assez de partager et rentre chez elle, emmenant avec elle ses 3 filles (issues d’un autre mariage) et le jeune Pahé. A 4 ans il quitte donc son père pour ne pas le revoir avant longtemps… Au village, sa vie est faite de plaisirs simples (dégommer les oiseaux à la fronde…) jusqu’à ce qu’il doive aller à l’école ! Là, sa maîtresse parle une langue incompréhensible, le Français, et le réprimande chaque fois qu’il dessine n’importe où. En bref, il passe son temps à chanter des chansons débiles. Puis un jour, il est invité à prendre l’avion pour rejoindre ses sœurs à Libreville : de là, il embarque pour l’Europe et un pays gris, froid, où à 7H du matin il fait encore nuit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un récit qui a longuement mûri. A la lecture, on comprend rapidement que le projet a essuyé quelques refus avant que Pierre Paquet n’y croit et parie sur un éventuel succès. Pahé, de son vrai nom Patrick Essono, citoyen du monde (du moins d’Afrique et d’Europe), Gabonais et Français d’adoption, signe avec Bitam ses premiers pas dans l’univers BD et publié. De manière à la fois complice et distanciée, il met en scène sa vie, la Vie de Pahé, sans aucune prétention mais plutôt sur un ton résolument déconnant. Le héros retombé en enfance se souvient de situations et anecdotes cocasses, de réflexions (parfois cruelles) frappées par le sceau du bon sens comme seul un môme sait les formuler. Ainsi, lorsque tombe une nouvelle fracassante, la réaction n’en est que plus terrible (et savoureuse !) : exemple, à la mort de Cloclo « électrocuté dans sa baignoire », sa première pensée fut… « Quel con » ! No comment. Y’a pas à dire, le bonhomme sait y faire. Au moyen d’un style graphique simple mais d’une grande lisibilité, accessible à tous, il croque tendrement sa vie à pleines dents et « met le Paquet » (sic !). C’est un récit qui a probablement longuement mûri et, pourtant, gardé une impressionnante spontanéité. C’est aussi comme toute bonne bande dessinée humoristique, un album qui donne à réfléchir sur la différence (culturelle et autre). Bref, une autobiographie vraie et pleine de vie.
