L'histoire :
Cette nuit, Omraan et son hôte veillent dans l’étable. Patiemment, ils assistent à la mise-bas d’une jument. Dame Nature fait bien les choses. Cependant, le ciel est nuageux et les étoiles absentes. Voici maintenant 6 ans que l’homme au bec de coq a quitté les siens, sa femme et son fils qu’il n’a plus revus. Traqué par la milice du sang divin, il a trouvé refuge auprès de Vincent et l’aide aux menus travaux de sa ferme. Aujourd’hui, le jour est néanmoins venu de reprendre la route de l’exil, s’arrêtant chez l’habitant pour gagner sa croûte ou prier. En forêt, Omraan fait donc son chemin au travers d’un frais manteau neigeux. Quand, puisant de l’eau à la rivière, il entend un galop approchant et perçoit le danger. Ses ennemis à la solde du Grand serviteur l’ont rattrapé après avoir torturé à mort Vincent. Capturé puis exhibé en ville, la nouvelle de son arrestation décide David à prendre la tête d’un mécontentement populaire sourd et explosif…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce 3e tome se conclut une série atypique dans l’univers BD, non tant par son sujet (ésotérique) que par son traitement et sa morale. Librement inspiré du livre de la Kabbale, le 36e Juste est bâti autour d’un personnage difforme, affublé d’un bec de coq à la place du nez, mais inversement proportionnel en grandeur d’âme. Omraam est plus qu’un simple illuminé, il est un nouveau messie venu délivré le monde de sa méchanceté. Cela peut paraître enfantin, néanmoins le 36e Juste est une bande dessinée candide, fondamentalement optimiste (en dépit du chemin de croix imposé à son héros). A la lecture, les références ne manqueront pas d’affluer : Voltaire, Molière, la prise de la Bastille, la Passion, les jeux du cirque romain... et même un combat final rappelant Lanfeust de Troy ! Ambitieux et passionné, Frank Dumouilla développe en fait un syncrétisme original baigné de spiritualité. Une sorte de parabole moderne où la lucidité sur le drame de l’humanité n’empêche pas de rêver. Ne nous attardons pas sur un dessin toujours maladroit, bien qu’en progression, et auquel on s’est habitué (il donne même finalement une pâte singulière au récit, doublant le propos sur la beauté intérieure opposée à l’apparence disgracieuse), l’intérêt substantiel de cette farce théâtrale réside dans une narration à la fois lumineuse et intrigante. Loin d’enterrer tout espoir, l’Achèvement interpelle et ouvre vers un ailleurs souriant, comme si le cycle des révolutions sanglantes prenait enfin fin. Une vision décidément très optimiste de l’actualité : cela fait du bien !