L'histoire :
C’est en participant aux batailles aériennes au-dessus de la Manche en 1944, que Jonas Montfort, jeune pilote de la FAFL, se lie d’amitié avec son commandant. Ensemble, ils partagent une autre passion qu’ils ont en commun, pour le mystère de l’Atlantide. Cette antique civilisation mythique, jadis très développée et située sur un continent de l’océan Atlantique, a aujourd’hui disparu. Jonas ignore que dans le même temps, le professeur allemand Helmut Steiner est missionné par le IIIème Reich pour faire avancer ses recherches sur le même sujet. L’objectif est d’accéder à des armes puissantes issues de la technologie atlante. Steiner s’appuie sur une découverte fondamentale : un mystérieux objet technologique trouvé au sein d’une pyramide maya. Cet objet ressemble à une fusée miniature, qui fonctionnerait à partir d’un carburant rare : le fer sidéral, c’est-à-dire le fer issu de météorites. Les autorités du Reich lui accordent aussitôt un gros budget pour récupérer une grosse quantité de ce minerai, qui se trouve incrusté depuis des millénaires dans la mer de glace, au-dessus de Chamonix. Or au terme de plusieurs jours d’extraction compliquée et harassante, Steiner abandonne son équipe et s’enfuit seul avec un half-track bourré de 100Kg de météorites ! Les allemands en déduisent aussitôt qu’il est un traître, passé à l’ennemi. La vérité est toute autre, et elle ne se dévoilera à Jonas Montfort que 10 ans plus tard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis qu’ils ont été évoqués dans les textes des grecs anciens, les mystères de ce continent englouti qu’aurait été l’Atlantide ont nourri bien des fantasmes et des supputations. La bande dessinée n’est pas en reste : Black et Mortimer s’y sont même intéressés, au cours de l’aventure la plus grand-guignolesque de l’ère Jacobs. Bruno Marchand se lance aujourd’hui sur leur piste, quand bien même celle-ci recèle tous les pièges de l’ésotérisme et de la quête de suprématie faciles. D’ailleurs, s’agissant de découvertes archéologiques et ésotériques, il convoque d’entrée de jeu le IIIème Reich hitlérien et sa mythique quête de puissance paranormale. Il faut croire qu’en matière d’ésotérisme, Hitler représente également le point Godwin. Le développement scénaristique de ce premier tome peine à convaincre. Il est question d’une découverte technologique fonctionnant à partir de minerai rare, un progrès volé et développé à la marge, mais aussi d’une communication onirique et astrale vers un monastère tibétain… Bruno Marchand reste visiblement imprégné de sa précédente série, Quelques pas vers la lumière. Collection Cockpit oblige, l’aspect aéronautique est présent, avec différents coucous volants, visiblement documentés, bien qu’on peine à en saisir l’orientation. La narration ne convainc pas complètement non plus, alternant les pensées descriptives autour de cette quête bizarre de « pouvoir atlante » et les ballets aériens peu explicités. Elle alterne les points de vue de Steiner et de Jonas Montfort, sans qu’aucun des deux n’incarne pleinement la figure d’un héros attachant. En revanche, sur le plan visuel, les décors sont précis et minutieux, notamment lorsque Marchand utilise de larges cases détaillées pour planter ses contextes (les vues aériennes sur Prague, les montagnes, les ballets aériens, l’expédition égyptienne, la parenthèse tibétaine…). On a tendance à rapprocher cette mise en bouche d’un Lefranc, en raison de cette quête floue à l’arme absolue et des rapports ambigus entre les personnages (Lefranc et Axel Borg). Espérons que le tome 2 à venir apporte un peu de cohérence à tout cela…