L'histoire :
En l’an 33, tandis que Jésus arrive à Jérusalem avec une forte et incommodante réputation de messie autoproclamé, un groupe de six individus ont bien d’autres préoccupations. Amos, Jacob, Barabas, son frangin Moshé et deux autres sbires fomentent une révolution contre l’occupant romain. Ils se réunissent en secret, avec des mots de passe et des plans dessinés super sérieux, afin de kidnapper un fonctionnaire romain fraîchement débarqué : Octavius Polus Botus Minimus. Bedonnant et lubrique, l’homme doit passer la soirée dans le quartier chaud, entouré par une faible escorte. Barabas et les autres se préparent et, la nuit venue, lui tendent donc un guet-apens… réussi. Le lendemain, après le récit piteux du centurion Quintus Démetrius censé protéger le fonctionnaire, Pilate est colère. Il faut absolument retrouver les malfaiteurs. Leur seule piste est le Z tracé à la pointe de l’épée sur la tunique de la prostituée qui accompagnait Polus Botus Minimus, un Z qui veut dire « Zélotes ». Pendant ce temps, les conjurés confient une demande de rançon à un esclave germain, pour l’épouse de Polus Botus Minimus. Mais l’esclave est malin : il suit les rançonneurs jusqu’à leur repère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un arc narratif à l’époque de Moïse et de l’exode, David Ratte rempile avec un second cycle de son jouissif Voyage des pères, de nouveau à l’époque de Jésus, de nouveau programmé en 3 tomes ! Sauf que cette fois, nous ne suivrons pas exactement l’expédition des darons des apôtres en quête de leur progéniture – nous les croiserons néanmoins à 2-3 reprises. Comme l’indique le titre, ce tome 4 focalise sur Barabas, le bandit qui a été gracié à la place de Jésus, lorsque Ponce Pilate a proposé cette faveur au peuple. Le martyr de Jésus demeure donc bien le contexte de fond – on le croise d’ailleurs en tout et pour tout dans… 4 cases ! Mais cet évènement fondateur de notre civilisation ne constitue pas l’intrigue principale. La conjuration foireuse de Barabas et les investigations laborieuses des romains tiennent le premier plan. De fait, Ratte illustre le jugement et son lavement de mains, mais il éclipse le chemin de croix et la crucifixion. Les dialogues sont plus contemporains et djeunz que jamais, dans une veine anachronique volontaire et super drôle. Pour en rajouter dans l’humour de second degré, Ratte ne se prive pas non plus d’ajouter des détails anachroniques dans les décors (un hébreu fait un selfie avec son smartphone, une antenne télé par-ci, une console par-là, un interrupteur derrière Barabas ou un extincteur derrière Pilate). Bref, la méthode Ratte fait toujours mouche. L’immense plaisir de lecture tout-public est notamment du à son dessin caricatural à souhait, qui a un petit aspect gotlibien dans son élasticité et dans les expressions faciales exagérées des protagonistes. Vivement le prochain…