L'histoire :
Jonas, marin pêcheur sexagénaire, fulmine. Jusqu’alors, sa vie était réglée comme du papier à musique : il pêchait tous les jours en mer de Galilée, avec plus ou moins de succès, en compagnie de ses deux fils, Pierre et André, ainsi que son associé Zébédée et ses deux fils, Jacques et Jean. Et puis un jour, un type prénommé Jésus a débarqué dans sa vie et a complètement endoctriné les quatre fistons, au point que ces derniers ont abandonné filets et familles pour devenir apôtres et le suivre dans sa mission ! Il faut dire qu’avec la pêche miraculeuse dont il leur a fait profiter, il y avait de quoi convaincre. Sans compter les guérisons et les résurrections multiples dont le Jésus s’est fait coutumier dans la région… Résultat : considéré comme le messie par tout le monde, il est parti avec sa bande d’apôtres, à travers la Galilée sous occupation romaine, pour prêcher la bonne parole. Or, sans la main-d’œuvre de base, impossible de faire tourner l’entreprise familiale ! Jonas prend donc la route pour tenter de ramener les gamins à la raison et à la maison ! Il est accompagné pour cela par deux autres pères : Alphée, père de Matthieu, percepteur d’impôts, et Simon, père de Judas…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il fallait oser le road-movie biblique et humoristique ! David Ratte prend ici le parti de traiter la grande Histoire, voire même carrément le principal pilier de notre civilisation, en l’attaquant par la petite histoire. En effet, tout le monde (ou presque) connait l’aventure de Jésus, mais personne ne s’est jamais inquiété de savoir comment tout ce tintouin a été vécu par les familles des apôtres, qui ont tout abandonné pour le suivre. Sacré Jésus, il en a fait de belles… Intelligemment, Ratte prend ce sujet original à bras le corps, frontalement, avec un sens de l’humour particulièrement affuté et une verve dialoguée contemporaine, mais toujours très respectueusement de la religion catholique. Résultat : en sus d’être super drôle, cela permet un sacré dépoussiérage du dogme ! De nombreuses répliques imprévisibles procurent de beaux éclats de rire « Si en plus de nous piquer nos gosses, ce Jésus se met à réanimer les belles-mères, on est mal ! ». Certes, il vaut mieux avoir un tant soit peu reçu une éducation catholique pour apprécier pleinement l’aventure, car elle fait souvent référence à des épisodes appris en catéchèse. Au dessin, Ratte crée aussi la surprise : il prouve qu’il sait dessiner des faciès de personnages sans masques à gaz ! Pour comprendre cette remarque, il faut lire Toxic Planet, ses deux précédents recueils de gags écolo-cyniques. Idéalement colorée par Sylvie Sabater, à l’aide de teintes pastelles et claires, le trait de Ratte oscille lui aussi entre réalisme et humour. Ratte change donc de registre, et il le fait de fabuleuse manière. En vérité je vous le dis, le « à suivre » final est une excellente « bonne nouvelle »…