L'histoire :
Jésus a été condamné à être crucifié, tandis que Barabbas a été gracié. Jésus est effectivement mort sur la croix, puis il a été mis dans un tombeau derrière une lourde pierre. Mais il s’est produit un truc bizarre : la pierre a été poussée, le tombeau ouvert et depuis, le corps est introuvable. Pire : certains croisent Jésus, qui continue de délivrer ses bonnes paroles. Serait-il possible qu’il soit ressuscité ? Ça serait bien une première… Pendant ce temps, Barabbas et son frère Moshé sont arrêtés par les zélotes. Ces derniers leur reprochent d’avoir tué le haut fonctionnaire romain Polus Botus à leur place. L’organisation terroriste projetait en effet une exécution publique qui aurait eu un maximum de retentissement, au lieu d’un médiocre coup de couteau planté dans l’œil en catimini. Le chef des zélotes les sermonne ainsi, puis il leur rend Amos, après l’avoir torturé et interrogé. Les trois compères repartent libres, quoique Amos un peu fébrile. Au même moment, un nouveau fonctionnaire romain, le gros et pustuleux Caïus Maximus Dolipra, se présente à Ponce Pilate : il vient remplacer Polus Botus. Et il va s’installer dans sa villa, quitte à dégager sa veuve et ses domestiques…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce tome 6, se clôt le second cycle du Voyage des pères, qui relate d’humoristique manière l’histoire secondaire et romancée de la bande de Barabbas, le bandit qui fut gracié à la place de Jésus Christ. On croise donc logiquement par moment le messie ressuscité – ou en flashbacks – mais n’en déplaise à son habituel statut de superstar, Jésus ne tient pas du tout le premier rôle, il est un évènement de fond. Comme l’indique le titre peu inspiré de ce 6ème opus, l’auteur David Ratte s’affaire cette fois à refermer toutes les intrigues en cours pour tous les personnages entrevus. En première ligne, Barabbas et ses potes, et Salomé emprisonnée ; mais aussi côté romain la traque forcenée de Quintus sur Barabbas, les problèmes de gestions du peuple ou de la veuve de Plus Botus pour les gouverneurs… Sans oublier les pères des apôtres du premier cycle, et les apôtres eux-mêmes ! Tous participent à une relecture parodique légère, à la fois respectueuse et burlesque, avec un zest d’anachronisme dans les dialogues très contemporains, du plus célèbre moment biblique de notre civilisation. C’est tendre, c’est drôle, c’est bien vu, même si de par son ambition chorale, ce dernier opus emprunte une narration un peu patchwork, ou arythmique, ponctuée de moment silencieux étonnants. Au dessin, Ratte peaufine sa griffe artistique propre et inimitable, particulièrement expressive sur les personnages. Y-aura-t-il un troisième cycle ? Sous un autre prisme décalé ? On l’espère…
