L'histoire :
Pour Baltus, tout s’est effondré le jour de la mort de Monica, celle qu’il aimait infiniment. Immédiatement après – et pour ne rien arranger – il a subitement été pris d’une sorte d’hypersensibilité, le confrontant peu à peu à ses propres douleurs. Aussi a-t-il choisi de s’isoler loin du monde sur une petite île pour tenter de retrouver la paix intérieure. Vingt années passent ainsi, avant qu’Angela, une journaliste, ne le déniche pour rédiger un article sur son don singulier. Celui-ci s'est révélé sur l'île, entre autres, lorsqu'il a aidé à retrouver une femme disparue. Le courant passe et Baltus accepte finalement l’invitation de la journaliste à New York, à l’occasion du prix qu’elle reçoit pour un article publié sur lui. La ville a incroyablement changé. Baltus se sent perdu. Il est pourtant heureux de retrouver Angela et assiste amusé à la remise de la prestigieuse récompense. A cette occasion, il fait aussi la connaissance de Rachel. Et bientôt, aussi, celle de son petit garçon, dont le premier contact physique le saisi d’effroi...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une nouvelle fois sensible, poétique et tutoyant cette frontière – si chère à Tony Sandoval – entre monde des morts et des vivants, ce second opus clôt l’aventure de Baltus, un photographe meurtri par la disparition de celle qu’il aimait. Après 20 longues années de planque, le voilà de retour à New York, à nouveau chatouillé par ce « 6éme sens », à nouveau presque amoureux et peut-être paré à apprivoiser ses fantômes ou à chasser les démons intérieurs qui l’ont grignoté. Quoique… Au final, le mécanisme dépressif, si astucieusement autopsié à l’aide d’un tison mélancolique aussi délicat que touchant, trouve son issu sans le moindre compromis. Alimenté par une veine fantastique un brin anxiogène, un poil violente et mystérieuse, le récit ne manque pas d’intérêt. Mais il faudra plutôt aller puiser justement du côté de cette hypersensibilité (à la sauce sandovalienne, il va de soi…) ou de la difficulté du deuil amoureux, pour se contenter. L’intrigue, quant à elle, est vraiment ténue : cette histoire de « 6éme sens » se révèle finalement peu claire ou peut-être trop peu exploitée. Elle sert avant tout à conduire les mouvements intérieurs du personnage central, à faciliter l’exploration de sa douleur. De quoi satisfaire avant tout les amateurs de récits dans lesquels l’atmosphère sensible prime sur le reste. Pour ce qui est de la sensibilité, la patte anguleuse de Grazia La Paluda fait des merveilles une seconde fois. C’est bien simple : des cadrages, au choix de la mise en couleurs, en passant par l’agencement des planches ou la justesse des expressions, tout est pesé avec brio pour accompagner les intentions du récit. Et s’il n’en fallait qu’une pour se jeter sur ce diptyque, son dessin poétique et singulier serait la meilleure des raisons.