L'histoire :
Aux origines des temps était une petite planète perdue au milieu des étoiles. La vie y était douce comme un songe. Sur cet astre vert et bleu, deux anges, frère et sœur, coulaient une existence faite de loisirs et d’insouciance. Fêne et Tia, l’un brun l’autre blonde, jouent nus à chat, riant et batifolant gaiement dans une forêt dense. Pourtant juché sur un arbre, un personnage inquiétant les observe ; il guette l’occasion de son méfait. Depuis leur abandon, les Orphelins sont sous la protection des loups qui de génération en génération veillent sur ce don précieux. Car Fêne et Tia sont les uniques représentants de leur espèce : Pogo se devra de les protéger. De leur avenir dépend la quiétude du royaume nocturne de l’infinie végétation. L’harmonie et l’innocence doivent être préservées à tout prix afin que ne se répètent pas les erreurs passées… Pourtant un jour, Tia rencontre le médisant qui lui ouvre les yeux. Elle décide alors, minée par la curiosité, de partir vers l’inconnu pour trouver des réponses, laissant Fêne seul et désemparé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était vague, les ténèbres couvraient l’abîme, l’esprit de Dieu planait sur les eaux » (Livre de la Genèse,1,1). Ainsi s’ouvre en substance le premier livre biblique, celui des origines du monde et de l’humanité. Au moyen d’un graphisme doux et bleuté, emprunt d’un vert Nature, c’est bien à un récit des origines que nous convie Cyril Knittel. Librement inspiré des traditions et/ou théories comme celle du Big Bang, la fable naissante (la seconde partie du diptyque est à suivre) revendique ses sources et, loin d’être orpheline, en propose une relecture onirique pleine de charme. En habile scénariste, l’auteur joue avec les valeurs, positives ou négatives, des scènes contées. Au début régnait l’harmonie, Adam et Eve vivant heureux sans se soucier du lendemain ni de leur condition. Puis vint la perte de l’innocence : avec le désenchantement du monde, la candeur fit place à la curiosité, à l’angoisse existentielle. Les éternelles questions... Pourquoi est-ce toujours la femme qui doive goûter au fruit défendu ? Peut-être parce que l’auteur étant un homme et ne possédant pas toutes les réponses, il espère que la psychologie féminine en recèle les mystères (et c’est un homme qui parle !). Sans doute, plus sûrement, car seconde création divine, elle n’en est que plus parfaite et seule capable d’enfanter la vie ? Bref, après un tableau du meilleur des mondes, le conte de fées vire au drame et le lecteur bascule à son tour en un univers de glace, âpre et cruel. De contemplatif et poétique, la trame s’accélère, capable même de violence. Les personnages des loups, protecteurs puis prédateurs, incarnent parfaitement cette ambivalence d’une intrigue à la fois chaleureuse et froide, maîtrisée de bout en bout. Au final, un seuil a été franchi. Plus rien à l’aube du premier jour ne sera plus comme avant. L'Histoire est marche... en attente de sa fin.