L'histoire :
Quand il est gamin, l’argentin Pablo Carballo rêve de devenir, plus tard, un redoutable pilote d’avion de chasse. Son rêve deviendra réalité au début des années 80, lorsqu’il intégrera la flotte aérienne de son pays. En avril 1982, la junte militaire argentine décide de faire valoir sa souveraineté sur les îles Falklands (alias les Malouines), alors occupées par le Royaume Uni. A la tête de la nation anglaise, Margaret Thatcher ne compte pas laisser faire. Une guerre est alors enclenchée, les anglais envoyant dans l’Atlantique sud de nombreuses forces navales et aériennes. Le capitaine Carballo est patriote et courageux. Lui et ses camarades décident de se battre jusqu’à la mort pour récupérer cet archipel qui revient de droit à l’Argentine. Dans le cockpit de son appareil au sol, il se tient prêt à décoller à tout moment, en fonction des renseignements fournis par les radars sur les positions anglaises. Mais l’aéro-flotte argentine est largement sous-équipée par rapport à la puissance britannique. Ils disposent cependant d’avions Mirages et de missiles Exocet achetés à la France… qui elle, aide plutôt les anglais…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au printemps 1982, la « guerre des Malouines » opposa l’Angleterre de Margaret Thatcher à l’Argentine sous dictature militaire, pour la possession d’un archipel lointain, sans grand intérêt, situé dans un climat austère au sud de l’hémisphère sud. Cette réminiscence bizarre d’un conflit de territoire, d’un autre temps, poussera Borges à écrire que cette guerre était comme « deux chauves se battant pour un peigne ». Entre 2010 et 2014, les argentins Nestor Barron et Walther Taborda ont néanmoins partiellement raconté ce conflit en BD, en 3 tomes aujourd’hui réunis en intégrale. Le prisme était carrément celui de l’aéronautique et le parti-pris politique évidemment argentin. On suit donc ici l’engagement d’un pilote ayant réellement existé, Pablo Carballo, dont les récits authentiques ont très largement nourri la narration – jusqu’à reproduire à l’identique des extraits de conversations radios dans le tome 3. Au gré de larges séquences aériennes tendues et de moments plus calmes à terre de recueillement, d’angoisse ou d’analyses, on le suit dans ses missions périlleuses pour bombarder la flotte anglaise, dans son engagement patriotique sans faille, dans la perte de ses camarades, dans sa mesure d’un conflit inégal… Le dessin semi-réaliste de feu Taborda se révèle particulièrement convaincant lors des ballets aériens. Malheureusement, la BD reste muette quant aux origines du conflit, sur l’exhaustivité de ses étapes, et sur son règlement final. La narration préfère ne retenir que le courage payant du David argentin face au Goliath britannique. Ici, l’anglais est l’ennemi : vile, revanchard, illégitime, débordé… Un petit focus Wikipedia vous remémorera que l’Argentine a en réalité offert sa reddition et qu’il y a eu trois fois plus de pertes argentines qu’anglaises. Cependant, aujourd’hui, les Nations Unies considèrent toujours les archipels comme des territoires dont la souveraineté n'a pu être départagée entre l'Argentine et le Royaume-Uni.