L'histoire :
Une substance chimique/quantique révolutionnaire a échappé aux expérimentations de scientifiques coréens dans un coin paumé de la Namibie… et c’est une femme dotée d’un fichu caractère, une himba prénommée Mamada, qui en a été contaminée. Depuis, dès qu’elle se concentre ou s’énerve un peu, Mamada peut se téléporter et téléporter les gens d’un point à un autre du globe, mais plutôt entre son village traditionnel et la ville de Paris. Dans la capitale française, où elle ne passe pas inaperçue avec son pagne et sa peau recouverte de boue rouge séchée, elle a fait la connaissance d’une adolescente dépressive, Sidonie, qu’elle considère désormais comme sa fille adoptive. Elle en a profité pour mettre un sacré bazar, en téléportant notamment des touristes vers son village et en transformant une mamie un peu raciste en… chose moebiusienne tentaculaire. Sous l’influence de Sidonie et aidée par ses pouvoirs, Mamada a entrepris un vaste programme : changer le monde, en mieux. Mais elle a réussi à s’enguirlander un peu avec Sidonie et se réveille avec une gueule de bois dans un bar dévasté des supporters du PSG. Pendant ce temps, la chose moebiusienne échappe aux militaires scientifiques et fonce vers Paris. Pendant ce temps, une pluie d’hippopotames s’abat sur le village namibien. Pendant ce temps, Sidonie se fait planter un coup de couteau dans le ventre. Tout va bien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous avions quitté Mamada il y a 4 ans, au beau milieu d’un incroyable foutoir surnaturel et social. Le long break de son auteur David Ratte, est en grande partie dû au second cycle du génial Voyage des pères. Nous la retrouvons aujourd’hui dans le même état, sinon pire, que nous l’avions laissée – jugez-en par le résumé ci-dessus. Dans sa lancée, et toujours à travers un dessin semi-réaliste, semi-humoristique parfaitement appliqué, équilibré et abouti, le comique de situation s’articule autour de plusieurs principes. Primo, le choc des cultures entre notre société urbaine occidentale développée et la mentalité d’une africaine native et sauvage. Ratte en profite pour dénoncer nos modes de vie consuméristes, notre capacité à ériger le superflu en sacré, et ça fait du bien. Deuzio, le super-pouvoir dont a hérité Mamada est à la fois souple, puissant et peu maîtrisé. Ce qui a le mérite de pouvoir aboutir à peu près à n’importe quoi, comme ce « blob moebiusien » qui part en croisade contre on se sait quoi, mais déclenche un sacré bordel. Et il n’y a pas que Mamada qui fiche ainsi le bazar : un petit zoziau se déchaîne en dépassant les bornes ; il offre à cette série BD l’équivalent de Scrat dans L’âge de glace : des interludes déjantées et bidonnantes. Tertio, tant qu’à faire, Rabe offre de courtes digressions évoquant des sujets de société, pour dénoncer les frotteurs du métro, les grosses firmes (Virgin, Coca), la mentalité coréenne ou Donald Trump. C’est totalement déconnant, sans prétention, mais ça véhicule quand même un message d’ouverture au monde et à la nature. Ce tome 3 apporte une conclusion, bien que cela aurait pu durer ainsi longtemps. Car Ratte a d’autres projets, notamment un 4ème cycle du Voyage des Pères, articulé autour de l’arche de Noé…