L'histoire :
Un jour, le champion d’escrime Orlando Neri et son épouse Monique Saint-Louis meurent dans leur voiture, écrasés par un piano à queue. Aussitôt, la société d’assurance met le détective Harry Pincus sur le coup : le piano a été poussé depuis la fenêtre d’un appartement vide, aucune empreinte n’a été retrouvée et la porte a néanmoins été forcée. Les principaux suspects sont bien entendu les bénéficiaires de la police d’assurance. Il s’agit de Walter et Richard, les deux fils de Neri, d’Antonio son majordome et de… Matilda Clarck, une simple hôtesse de l’air, fruit des amours cachés (et rapides) de Neri et de Marion Clarck. Apparemment, Matilda apprend l’identité de son père – et l’annonce d’un éventuel héritage – de la bouche du détective Pincus. Rendez-vous est donné à tout ce petit monde dans le bureau du notaire, pour la lecture du testament. D’ici là, les fils Neri accueillent Matilda pour quelques jours, histoire de faire connaissance, dans leur superbe villa entretenue par Antonio. Matilda débarque alors dans une ambiance pour le moins baroque. Walter est aussi introverti que Richard est en proie à des fous rires nerveux, et le minuscule majordome semble réprimer une certaine hargne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce nouveau one-shot d’Artur Laperla, on retrouve tout d’abord le ton original et direct, plein d’humour et de fraîcheur, que l’auteur nous avait déjà fait apprécier sur l’excellent Voleur de chiens (également dans la collection Blandice). Progressivement, Laperla nous fait à présent pénétrer dans une histoire d’héritage tordue. Un double meurtre insolite (rares sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir été tué par un piano à queue), 4 suspects également bien marginaux, une ambiance bizarre, un détective patibulaire… Les éléments d’un puzzle se mettent en place pour un dénouement qu’on espère jouissif. L’auteur s’amuse à multiplier les ellipses en noir et blanc, un peu à la manière d’Amélie Poulain : qu’un nouveau protagoniste vienne à débarquer, et une digression « documentaire » nous le présente. Néanmoins, plus on s’approche de la conclusion, et moins toute cette histoire semble logique. Quel rôle précis joue la femme de Walter ou l’amant de Matilda ? Finalement, Laperla nous assène un débroussaillage surprenant, en 3 ultimes planches, mais qui a des allures de grosse fumisterie. La déception est d’autant plus forte que son dessin est nettement moins abouti que sur Voleurs de chien, qui reste décidément une bien belle référence…