L'histoire :
De nuit, sur le toit-terrasse d’un immeuble d’une grande ville, Pierre saute en tendant la main vers le haut, comme pour attraper les étoiles… Impossible. Il semble accablé par une profonde tristesse. Il redescend dans son appart par le balcon et dédaigne ses messages téléphoniques. Il sort dans la rue en serrant un sac poubelle dans la main, puis il court comme un fou, en pleurant. Il se souvient, il y a longtemps, de la création des éditions Paquet. Cela avait commencé par sa discussion avec son ami Jean-Marc et sa proposition d’éditer son bouquin. Enthousiaste, le jeune auteur lui avait dessiné un logo à partir d’un masque africain. Pierre avait alors pour colocataire son meilleur ami David, un jeune homme jovial, épicurien, bedonnant et pas très responsable. Pierre menait alors une petite entreprise de fabrication de tampons encreurs et décidait de se lancer de manière un peu naïve dans l’aventure de l’édition. Pierre se souvient aussi de son premier chien, quand il était enfant, et de sa douleur quand ses parents avaient dû le faire piquer. Il se souvient qu’il avait essayé d’en reprendre un à la SPA, mais il avait dû le rendre. Il n’était alors pas prêt à assumer la responsabilité d’un animal…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec, pour titre, les initiales adoucies d’une accroche initialement plus provocatrice (Paquet De Merde), l’éditeur Pierre Paquet himself livre son autobiographie, partielle mais épaisse : 250 pages ! Au fil des années, les jalousies et les rancunes envers un éditeur moyen en train de devenir gros ont en effet alimenté les rumeurs… c’est sans doute le bon moment pour mettre quelques points sur les i. L’éditeur se livre donc à une catharsis nécessaire, mâtinée tantôt de justifications, tantôt de mea culpa et globalement de philosophie de vie. « Tout ce qui est raconté est vrai » affirme-t-il en interview. Il relate ainsi son amitié avec feu David, partenaire irresponsable ; son approche naïve et jonchée d’obstacles du métier d’éditeur ; son procès interminable avec « JP », qui le dépréciera pour longtemps au sein de la profession ; ses histoires d’amour et ses aventures de cul (une séquence limite exhibitionniste) ; ses rencontres avec des artistes improbables (Jeffrey Jones)… En creux, Paquet insiste sur la fusion permanente entre sa vie personnelle et son parcours d’éditeur. Avant tout, l’axe central de sa démonstration est son rapport avec la gente canine et au dernier d’entre eux, Fiston. Paquet reporte sa réussite sur l’indéfectible fidélité que ce chien lui a vouée, et qui n’a évidemment jamais tenu compte des médisances. La transposition graphique a été confiée à un dessinateur espagnol inconnu, Jésus Alonso, qui montre une griffe artistique semi-réaliste spontanée et très dynamique. Parfaitement cohérent sur la longueur, le dessinateur ne s’encombre néanmoins guère de ressemblances. Au final, cette explication en BD portée par une narration vive et souvent visuelle, paraîtra très intéressante aux fans hardcore de BD, qui cerneront assurément mieux la personnalité de l’éditeur. Il est moins certain, en revanche, qu’elle passionne outre mesure le lecteur lambda.