L'histoire :
En 1950, les agents de contre-espionnage et les hauts gradés militaires britanniques en poste à Bagdad sont inquiets. La capitale irakienne doit accueillir une conférence à laquelle participera la président… or les tensions diplomatiques sont grandes. Et un agent infiltré, Carmichael, a informé sa hiérarchie d’un secret incroyable… et il doit rapporter une preuve d’ici le 20 du mois. « Ils » vont lui faire la peau, c’est certain ! Pendant ce temps, une certaine Anna Schelle, brillante et dévouée secrétaire de direction à la banque Morganthal newyorkaise, demande exceptionnellement 3 semaines de congés à son patron. Son boss n’en revient pas. Ce n’est pas dans ses habitudes. Elle annonce devoir aller aider sa sœur à Londres, qui a un problème de santé. Or au même moment, à Londres, une certaine Vitoria Jones se fait remercier de son poste de dactylo, pour foutage de gueule caractérisé envers son directeur. Elle négocie un certificat d’aptitude et part ruminer sa mauvaise journée dans un square. Elle échappe alors de peu à une humiliante et accidentelle chute dans une rivière… sauvée in extremis par un beau jeune homme dont elle tombe instantanément amoureuse. Lors de leurs présentations réciproques, Edward lui avoue devoir se rendre à Bagdad pour un séjour universitaire. Quand ils se séparent, Victoria n’a qu’un objectif en tête : aller retrouver son bel Edward à Bagdad…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rendez-vous à Bagdad est un roman d’espionnage autonome d’Agatha Christie paru en 1952. Autonome, dans le sens où il ne met en scène ni Hercule Poirot, ni Miss Marple, ni les Beresford. Frédéric Brrémaud (au scénario) et Alberto Zanon (au dessin) bénéficient de deux tomes pour son adaptation BD au sein de la collection dédiée de Paquet. Cette mise en bouche plante les nombreux décors et personnages de départ et prend un malin plaisir à conserver un maximum de mystères autour des enjeux et des tensions susceptibles d’aboutir à un drame d’ampleur internationale. On identifie rapidement le personnage central et ingénu de Victoria, comme totalement innocente dans l’affaire ; on la quitte à la fin de ce premier tome en passe de se retrouver victime malgré elle d’une affaire qui la dépasse largement. Les nombreux dialogues et narratifs respectent certes le « style » Christie, mais l’adaptation aurait mérité quelques césures, ellipses et économies, afin d’y gagner en efficacité séquentielle. C’est un peu l’écueil général chez Brrémaud, que de chercher à « trop » respecter la matière première, dans ses adaptations, aux dépends de l’impact narratif. Alberto Zanon livre quant à lui un dessin semi-réaliste bien en place, à la ligne stylée, aux décors fournis, à la colorisation très juste dans ses ambiances orientales (par l’excellent Fabien Alquier). Rendez-vous… au tome 2 pour un éclaircissement des mystères.