L'histoire :
La lutte est sanguinaire. De nombreux cadavres jonchent le sol et les corbeaux tournent autour du massacre, se régalant déjà du festin. Ian Aranill, donne de l’épée. Il touche un bras, un casque, transperçant les corps à chaque coup. La fureur dans les yeux, l’homme est à bout de souffle. Puis vient le silence. Exténué, le combattant regarde autour de lui : plus un seul ennemi n’est debout. Traversant le champ de bataille, il achève les combattants gisant au sol. C’est son premier combat. Ses compagnons le félicitent et lui promettent le droit au fil d’or. Ce symbole cousu au fil d’or à vif sur le corps montre l’appartenance à un groupe, « les sans-âme ». Une scène au loin retient son attention : un homme accroupi au-dessus des cadavres découpe des petits morceaux de chairs et les mange. C’en est trop pour le jeune guerrier blond. L’estomac lourd, il renvoie ses tripes. Arrivé au campement, il rejoint la tente de Maadi pour le rite du fil d’or. Même enivré par la liqueur, la douleur est insoutenable. Il fait partie maintenant de cette bande de barbares et son nom ne sera plus jamais Ian Aranill. Il dépendra de ses actes sur le champ de bataille. Le lendemain, l’enfer de la veille reprend. Un nouveau champ de bataille, une nouvelle ville à piller. Errant dans les décombres de la ville, le jeune homme entend les cris d’un nourrisson. Pas encore dénué de son humanité, le guerrier doit choisir entre laisser l’enfant se faire dévorer par les loups ou le sauver...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle série de style fantastique est portée par Luca Enoch et Stanio Vietti au scénario, ainsi que Mario Alberti au dessin. Les auteurs nous plongent directement en enfer sans passer par le purgatoire. Dans les premières planches, à part son agilité au combat, le jeune personnage principal d'Ian Aranill semble hagard, perdu tel une biche prise dans les phares d’une voiture. Le lecteur se demandera s’il n’y a pas erreur sur le personnage, tant la différence en termes de barbarie et d’humanité avec ses compagnons est flagrante. D’ailleurs, ce sentiment semble être l’intention des auteurs, car le personnage se demande directement dans une case ce qu’il fait dans cet enfer. De nombreuses questions sont ouvertes et offrent un panel de développements scénaristiques fort intéressant à exploiter pour les auteurs. Le risque avec ce type de scénario c’est que le récit n’en dise pas assez pour donner l’envie au lecteur de suivre la série. C’est un jeu dangereux que les scénaristes maîtrisent avec brio car, in fine, le lecteur est impatient de découvrir la suite. Pourquoi donc cette oie blanche se retrouve plongée au cœur de cette violence ? Surtout qu’il garde une grande part d’humanité au fil des planches. La question est de savoir jusque quand. Au niveau du dessin, Mario Alberti sort des sentiers battus avec un trait assez éloigné de son habitude jugée classique. Artistiquement, l’ensemble est noir, lourd, poisseux, à l’image de l’enfer dans lequel est plongé le personnage principal. Fort d’un découpage variable offrant une belle flexibilité au récit ainsi qu’un dynamisme bienvenu pour des scènes de combat, l’ouvrage est un bel objet artistique. Ainsi, Sans Àme frustre le lecteur par un récit retenu, mais il offre de multiples possibilités de développements et ravira les amateurs de bandes dessinées de type fantastique avec un dessin de très bonne facture.