L'histoire :
Janvier 2022, dans le ciel qui surplombe la vallée de l'Euphrate, dans l'espace aérien de la Syrie. Deux Rafales sont retaskés et assignés au support terrestre. Ils prennent immédiatement le cap et passent en mode radar air/sol. Ils seront sur zone dans moins de 10 minutes. Le contrôleur aérien avancé au sol transmet les coordonnées de la cible et Sylvia Castel, le leader de la formation, renseigne les data sur le GPS. Elle attend quelques secondes l'autorisation de tir. La cible est un bâtiment. Elle largue les leurres infrarouges pour couvrir son arrivée et et shoote un A2SM à visée laser. Impossible de rater la cible à cette distance. Au sol, l'impact se matérialise par un champignon. Les Rafales peuvent sortir de la zone. L'officier de l'Armée de Terre confirme la destruction de la cible. Le plan de vol indique un retour direct, mais Sylvia a envie de pousser au Sud pour vérifier qu'une arrière garde mobile ne soit pas en train de se défiler. Son instinct est bon, les deux pilotes aperçoivent une cohorte de véhicules qu'ils attaquent aussitôt. Mais en sortant de leur piqué, le Rafale de Sylvia est touché. Ses deux réacteurs sont en carafe, l'éjection s'impose !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Philippe Pinard est un journaliste spécialisé dans la moto, mais il est aussi un passionné d'aviation. Il n'en est pas à sa première BD mettant en scène des pilotes de chasse, loin s'en faut, puisqu'il est aussi l'auteur de la série Ciel en ruine (5 albums de 2007 à 2012). Cette fois, il crée le personnage de Sylvia Castel, une femme pilote. Sa formation de journaliste lui permet d'amener de la précision et un détail presque militaire (ça tombe bien) au déroulement des opérations de guerre auxquelles on assiste dès le début de l'album. Et c'est toujours un plus quand on connaît l'importance que donnent les lecteurs à la cohérence des récits qui relatent les exploits des opérationnels. Après un début d'album mené tambour battant, on assiste à de très gros ennuis pour l'héroïne de la série, puisque son initiative sortant du plan de vol fixé se solde par la perte d'un appareil. Conseil de discipline et punition suivent : direction le Nord de l'Europe pour une affectation sur une base de l'OTAN où l'attend une remise à niveau pour, cette fois-ci, « revenir » sur Mirage, auquel elle a été initialement formée. Ce break avec l'action pure et dure est habile, car il permet de se familiariser avec le personnage et sa psychologie. Puis à nouveau place à l'action, mais on en vous en dira pas plus. Ce qui est sûr, c'est que le scénariste sait alterner le rythme et capter l'attention du lecteur. L'album est plein de tensions et il réserve aussi quelques rebondissements bien sentis. Hélas, le récit est quelque peu desservi par le dessin de Bad, alias Karim Francesco Badachaoui. Lui non plus n'en est pas à sa première réalisation. Or si les engins et les décors sont bien exécutés, son statut d'autodidacte l'amène bien souvent à des fautes techniques qui rendent parfois malhabiles les portraits ou expressions des personnages, ou encore... le dessin de leurs mains. Pour autant, on sait que les dessinateurs sont de gros bosseurs. Alors gageons qu'il améliore ces points, qui restent essentiels pour parfaire l'esthétique de cette série aux débuts séduisants.