L'histoire :
Planqué dans un village abandonné de la région de Kerbala, le caporal Enrique Chavez se dit qu’il tuerait, peut être, pour le plaisir d’une cigarette. Embusqué depuis trop longtemps, ses nerfs lâchent. Le marine et ses camarades commencent à douter du bien fondé de leur attente et de l’hypothétique passage d’une unité rebelle… Quelques jours auparavant, Chavez a bénéficié d’une permission exceptionnelle : le temps pour lui de constater le naufrage de son mariage et de se rendre au chevet de sa grand-mère mourante. Sur son lit d’hôpital, elle fait promettre à son petit fils de renouer le contact avec son père. Ayant laissé depuis des années, à sa belle-mère et à son fils ainé, le soin d’éduquer ses 2 autres enfants, il semble aujourd’hui le plus disponible pour veiller enfin sur eux. De retour en Irak, le caporal est enfin sur le point d’intervenir. Objectif : intercepter un convoi de grosses berlines mené tambour battant par des terroristes. Le snipper expérimenté qu’est Chavez fait mouche : cible neutralisée. Emprisonnés, les quelques survivants irakiens sont mis au secret en attendant l’intervention de 2 agents de la CIA. C’est d’ailleurs Chavez et quelques autres soldats qui sont chargés d’aller récupérer les 2 hommes qui arrivent, bientôt, par hélico. Sur la route, Enrique en profite pour faire un petit retour de quelques jours en arrière, lorsqu’il était chez lui aux USA … Il a alors revu son père pour lui faire la leçon : un échec cuisant. Il est intervenu dans une querelle entre sa sœur et un « bad boy », réussissant juste à lui casser le bras pour se faire entendre : le jeune homme, membre d’un gang, a promis de se venger…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’auteur de Brooklyn 62nd et de Bushido nous revient pour un nouveau solo, choisissant d’aborder une thématique peu (ou pas encore) abordée dans le 9e art, à savoir le conflit américano-irakien. L’exercice est on ne peut plus périlleux tant le sujet est actuel et brûlant, tant il a été abordé par les médias depuis l’invasion américaine, tant il oppose les convictions. Michel Koeniger choisit de traiter le thème en utilisant une narration atypique où le flashback et le changement d’univers sont utilisés pour assoir un parallèle intéressant entre la violence militaire (logique) en temps de conflit et celle qui gangrène les mégapoles américaines depuis plusieurs décennies. Le balancement entre le récit irakien et celui made in USA s’accélère au fil des pages, rendant les similitudes évidentes et créant ce fameux « pont ». Néanmoins, si la construction du récit et le message transmis sont dignes de notre intérêt, on regrette cependant un scénario lisse et manquant d’originalité en raison, en particulier, de l’utilisation de nombreux clichés et du manque d’aspérités des personnages. Graphiquement, le réalisme du trait de Michel Koeniger permet pleinement à l’action de trouver sa place dans le récit. Les scènes de combat sont tout à fait vraisemblables et rythmées. Au final on imagine que ce one-shot aurait peut être mérité un prolongement pour donner un peu d’air au scénario et permettre aux protagonistes de se révéler. Mais l’ouvrage reste, néanmoins, un bon titre d’action.