L'histoire :
« Tel Arthur et ses compères de la table ronde, tout prof est en quête d’un Saint-Graal, d’une perle rare qui donne un sens à sa divine mission d’éducation. Moi, je suis tombée dessus, sans y penser vraiment, un beau jour de septembre 2007, au détour d’une banale fiche de présentation… En parcourant les quelques lignes de son chef d’œuvre, j’ai tout de suite compris que cette Émilie là, avait un potentiel énorme et insoupçonné : des capacités linguistiques et un raisonnement dignes de l’huitre qui enfermait la perle qu’elle était. Jugez plutôt : son chien préféré était le Dark Vador (pour labrador) ; elle rencontrait dans la rue son voisin de palmier et donnait pour exemple de consonnes Sega et Nintendo… Alors, pas égoïste pour deux sous, j’ai même prêté Émilie à mes collègues, pas question de me taper un si bon dessert sans partager ! En Géo, par exemple, elle fait aussi très fort indiquant que : « (…) l’Allemagne est un pays qui possède 87 % de français et dont le reste ne contient que des allemands. » A ce rythme et sans préparation adéquate, le chanceux collègue n’a pu s’empêcher de faire un léger incident cardiaque. Mais Émilie est comme ça… et jusqu’à ce que juin pointe le bout de son mois, il faudra se contenter de sa logique au risque de devenir la femme-rotule : vidée, vidée, vidée… »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Consacrant l’énorme succès de son blog Les toujours ouvrables, la version BD de Soph’ débarque pour le plus grand plaisir des aficionados d’Émilie et autres indécrottables cancres qui peuplent le quotidien de cette prof de français. L’angle choisi par l’auteur pour nous faire partager son labeur n’est pas nouveau, puisqu’il s’agit d’utiliser les perles des collégiens ou lycéens qui font le délice des salles de profs à la récré : le moyen, pour tout être humain normalement constitué, qui passe la plupart de son temps entouré de la progéniture de ses concitoyens, de se défouler un peu… On rit déjà régulièrement de ces « écarts », grâce aux spams de bêtisiers qui font dégorger nos boîtes mail de ce genre de compilation. L’originalité de l’ouvrage se situe plutôt dans sa narration, qui se veut intime et sans faux semblant. Soph’ livre brutalement, et sans aucun recul, ses émotions ou sentiments. On s’attache alors très vite à ce petit monde effervescent, rythmé par le génie « perlistique » d’Emilie et la non moins géniale « punching-ballesque » cruauté de sa prof préférée : un ton humoristique piquant du meilleur effet. Graphiquement, le travail reste sommaire : un trait géométrique digne de figurer sur une table d’écolier. L’abondance du texte jumelé à l’utilisation de petits carreaux comme support papier et une lecture verticale des strips lui font manquer d’aération. Soph’ aura néanmoins su se créer un véritable style un peu comme en son temps un certain Reiser qui prétendait lui même ne pas savoir dessiner…