L'histoire :
Le détective anglais Thomas Carnacki est mandé de toute urgence par le vénitien Luca Belmonte. En effet, son ami, le célèbre architecte Carlo Murini, est la proie d’une terreur intense et durable, qui risque de le mener à la mort. Il vit reclus dans sa chambre, il ne mange plus, ne boit plus, ne dort plus, il a le regard hagard et se prend de crises de démence. Il dit être hanté par une créature cauchemardesque. Carnacki fait donc le voyage jusqu’à Venise. Mais au lieu d’aller chez Murini en premier lieu, Carnacki se rend chez le célèbre collectionneur d’art Renaldo Liotti. Malgré son impudence de n’avoir pas pris rendez-vous, Liotti reçoit Carnacki. Et il lui fait la visite de ses plus belles œuvres. Carnacki est intéressé et érudit. Néanmoins, la fin de la visite se passe assez mal. Carnacki fait une remarque très secondaire… et Liotti prend la mouche et le congédie. Carnacki se rend enfin auprès de Belmonte, qui a appris entre temps la visite impromptue et désobligeante de Carnacki à Liotti et lui en fait le reproche. Qu’à cela ne tienne, Carnacki demande à ce qu’on lui explique cette histoire de fantôme. Belmonte l’installe dans un café classieux et lui raconte tout… Car lui-même a vu le spectre qui terrifie Murini.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En préface, Michael Fenris précise l’origine du personnage de Thomas Carnacki, né sous la plume de l’écrivain anglais William Hope Hodgson, mort sur le front d’Ypres en 1918. La version graphique de l’italien Luca Raimondo le fait ressembler à Mandrake, un dandy en haut-de-forme, qui a parfois les traits de visage de Sean Connery âgé de la soixantaine. Comme l’indique le sous-titre, il incarne un rôle de « détective de l’occulte » et se confronte donc dans cet album à une double affaire de fantôme… réellement occulte. Cela se déroule à Venise et la cité des doges embrumée s’avère un cadre idéal pour instiller le mystère. D’autant de Raimondo multiplie les cases réalistes de grande classe. Le dessinateur italien s’est visiblement documenté de très près. La partition graphique des ambiances ésotériques et vaporeuses à travers les canaux, les ponts, les coursives et les monuments de Venise est assurément le meilleur atout de cet album en one-shot. Et pourtant, Corbeyran ne rate pas son adaptation : le découpage narratif est tout à fait professionnel et les dialogues soignés sonnent justes. Mais c’est le récit de base qui semble improbable et la logique de l’enquête fumeuse. Avec son air supérieur, Carnacki ne déduit pas, il décide d’agir sans élément probant, sans construction policière convaincante… et il suce l’explication finale de son pouce, avec toujours la solution de facilité de mettre la poussière inexplicable sous le tapis du paranormal.