L'histoire :
Mère de douze enfants morts, Mémé vit désormais seule. Les temps de pauvreté et de haine ne sont pas faciles pour les Noirs. Surtout à Rockwell town, ils y meurent facilement. Le dernier enterré s’appelait Big Bill. C’était un beau Noir que les Blancs ont pendu à l’arbre en face de la cuisine. Un autre, Jim, est parti pour la grande ville il y a près d’un an, sans plus de nouvelles. Mémé et son vieux aurait du faire plus d’enfants… Dans le bureau du Sheriff Mutt, le ton monte. Travis ayant accompli sa peine est désormais libre de revenir à Rockwell town et cette perspective ne plaît guère à Bert. Il n’est pas le bienvenu en ville et Gerhald s’est mis en tête de lui faire sa fête. En ce cas, Mutt devra probablement se trouver un autre adjoint. Car la nuit venue, un homme s’avance sur la route. Mis en joue, il lève les mains : « Non de Dieu, Travis »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Donner une suite à Big Bill est mort n’était point chose aisée tant le premier opus était de qualité. D’un autre côté, reconduire une équipe qui gagne est peut-être la meilleure façon de ne pas se planter (?). Un paradis distant s’inscrit donc dans la continuité sans qu’il soit nécessaire d’en connaître le passé pour pleinement l’apprécier. La collection prestige Blandice des éditions Paquet offre en effet quelques petits bijoux (Betty Blues de Renaud Dillies…) dont l’un des atouts est de se lire comme des « one-shot ». Nouvelle chronique de l’Amérique rurale, sudiste et profonde des années de crise, le destin tragique de Travis, ex-tôlard repenti, souligne encore une fois les travers xénophobes et racistes de certains petits Blancs pour qui les Noirs demeuraient une main d’œuvre servile, une sous-catégorie sociale. La copie rendue par le duo Wander Antunes à la plume, et Walther Taborda au crayon, semble encore plus mâture que la précédente. Un trait un poil caricatural et exagéré (à format extra large, dessin extra large). Un crayonné expressif très poussé (cf. celui magistral de la couverture figurant en fin d’album) compensant des encrages discrets. Un découpage parfaitement en phase avec le rythme de narration sachant alterner récit direct et sous-titré (en voix « off »). Des cadrages et tailles de vignettes divers afin de savamment distiller une atmosphère parfois à l’orage. Sans oublier, des couleurs vives et chaudes empruntées à une large palette de tons apposés par Duplan. Bref, l’ensemble offre un résultat maîtrisé de haute volée auquel il semble difficile d’adresser un quelconque reproche. La psychologie de chacun des protagonistes est habillement campée, leur caractère bien trempé. Seulement, tout finit comme cela commença : sans trop d’espoir. Une vision historique, réaliste mais noire. Très loin du paradis…